France Avenir Piste : faire la part du potentiel et des acquis
Avant les championnats de France Élite qui se déroulera début janvier, le vélodrome de Loudéac avait accueilli les Avenir Piste. Même si beaucoup des meilleurs pistards de demain sont déjà repérés et accompagnés, il s’agissait d’ouvrir l’œil !
Rien qui ressemble plus à un vélodrome qu’un vélodrome. Si cette affirmation mérite d’être nuancée, ne serait-ce qu’en raison des différences de longueurs et d’une infinité de subtilités architecturales, elle est carrément mise à mal par un élément essentiel des compétitions : le public.
Et, en l’occurrence, la ferveur typiquement bretonne qui a fait vibrer ces championnats de France de l’Avenir distingue entre tous le vélodrome de Loudéac – lequel s’apprête maintenant à recevoir l’Élite, du 3 au 5 janvier prochain.
Mais bien sûr, ce que les gradins bondés et le son de la cornemuse ont accompagné, c’est l’éclosion (ou déjà le mûrissement) de talents. Sur un championnat de l’Avenir, l’œil de l’observateur s’exerce à faire la part des choses : part de l’acquis et de la marge des progrès encore possibles, part des qualités physiques pures et du bagage technique et tactique.
C’est en tout cas la ligne de conduite d’Anthony Sudlow, entraîneur du groupe endurance hommes du Pôle Espoirs de Bourges : « Il s’agit de repérer le potentiel de ceux qui sont encore insuffisamment ou mal entraînés. Un faible bagage technique, causant une mauvaise performance, peut dissimuler un potentiel intéressant. »
Typique est le cas d’Aziliz Sigalas, 13 ans, déjà 2ème de la course aux points U17 et 3ème de l’omnium. « C’est la plus jeune du pôle. Sa charge d’entrainement est encore faible, évidemment. Nul doute que nous tenons là un énorme potentiel. »
L’inverse est vrai aussi. Voyez le cas du jeune Calixte Lae (OCC Antibes) qui ne réalise que le 11ème temps de la poursuite individuelle U17 (à près de 12’’ des 3’21’’935 Jean Groussin), mais qui se classe 4ème de l’omnium, témoignant à la fois d’un sens tactique assuré et d’excellentes capacités de récupération : alors, quid de son « moteur » réel ?
Même chose pour Mathéo Colbe, le junior des Hauts-de-France, pas forcément le plus gros moteur selon le classement de la poursuite, mais qui remporte le titre en course aux points.
En bonne logique, les athlètes déjà repérés sont aussi les mieux formés. Il n’est donc pas étonnant, par exemple, que les 8 pensionnaires du Pôle Espoirs de Bourges soient tous médaillés, et que 6 d’entre eux aient décroché au moins un titre. Zoé Bihan et Étienne Oliviero, deux athlètes bretons qui ont particulièrement crevé l’écran à domicile : la première en U17, a remporté rien moins que la poursuite individuelle, la course aux points, l’omnium et la Madison (avec Jessica Rouat), et le second, U19, s’est lui aussi offert quatre titres – en vitesse individuelle, vitesse par équipe, keirin et kilomètre.
D’un point de vue général, Anthony Sudlow considère ces Avenir Piste 2024 comme « un super cru. J’ai vu beaucoup de choses intéressantes. En poursuite individuelle, il faut noter que les 3 premiers [Jean Groussin, Tristan Desgrouas, Lancelot Gayant] ont tous battu le record de France. C’est très positif, même si la légère augmentation du braquet autorisé a joué un rôle. »
Même son de cloche chez Corentin Davy, responsable du Pôle Ultramarin à Bourges, dont l’effectif est majoritairement orienté sur le sprint et dont les deux pensionnaires Étienne Oliviero et Matthias Sylvanise se sont disputé la finale de la vitesse U19 : « Nous avons vu de très belles choses, même s’il faut les évoluer avec précautions, car il s’agit d’athlètes à l’aube de leur développement. Étienne, Matthias et Lousi [Fuhrmann] en sont à leur deuxième année et, avant les Europe qu’ils disputeront en tant que U23, le vrai test pour eux, ce sont les France Élite de janvier. En Élite, un tournoi de vitesse ou de keirin se court très différemment. C’est là qu’on pourra vraiment les situer, se faire une idée du travail qui les attend. »