Équipe de France

À Konya, Tom Derache sur le keirin et la VPE 

Remis de sa déception de n’avoir pas été sélectionné pour les Jeux Olympiques, Tom Derache a débuté la saison de belle manière. À l’occasion de coupe des Nations disputée cette semaine à Konya, le sprinter s’aligne sur le keirin et sur le poste 3 de la vitesse par équipe.

Cette semaine, la première manche de la coupe des Nations 2025, organisée à Konya en Turquie, est aussi la seule que disputera l’Équipe de France cette année. 
Les Français y découvriront un vélodrome inconnu, sorti de terre en 2022. Pour l’un d’entre eux cependant, il sera plus question de renouveau que de nouveauté : Tom Derache renoue avec les compétitions internationales qu’il n’a plus guère fréquentées depuis 2023

Après une année difficile, marquée par la déception de sa non-sélection aux Jeux Olympiques, la progression du Nordiste semble repartir de plus belle. Une médaille d’argent sur le keirin des récents championnats d’Europe a commencé de concrétiser ce retour en jambes. Il faut dire que le keirin est son terrain d’expression le plus spontané, lui dont le tempérament intrépide, voire un brin cascadeur, lui a valu ici-et-là quelques disqualifications. L’expérience aidant, il assure qu’il se tempère, désormais

Rien de plus naturel en tout état de cause, que de lui faire disputer le keirin à Konya. Son intégration  au trio de la vitesse par équipes était moins évident : on sait que le poste de démarreur est parfois attribué à Timmy Gillion dont les chronos le disputent à ceux de Florian Grengbo, mais les postes 2 et 3 se répartissaient toujours entre Rayan Helal et Sébastien Vigier. Or, si c’est à Tom Derache que ce dernier cède ici sa place au poste de finisseur, il n’y a rien d’étonnant non plus. Les qualités de résistance du grand blond de l’Équipe de France le disposent aux sprints longs, et aux efforts un peu hybrides type « kilomètre ». Il sait bien, d’ailleurs, que ces qualités intrinsèques dessinent en creux des axes de progression :

il doit travailler ses départs, les décollés, et, par-dessus tout progresser sur les aspects tactiques, si déterminants – braquets compris. « Le cyclisme sur piste est une discipline éminemment technique, et même sophistiquée. Il faut des années pour le comprendre en finesse, ne serait-ce qu’en tant que spectateur, dit-il. Alors, en tant que coureur… ». 

Parcours un peu singulier que le sien, lui qui n’est venu au cyclisme qu’à l’époque du lycée ( soit, assez tardivement par rapport aux standards actuels), après avoir pratiqué le foot en section sportive, et qui a débuté par le BMX Race, dans les traces de son frère aîné. Ce n’est que dans le cadre du pôle espoir de Bourges qu’il a découvert, puis donné la priorité à la piste
Son frère et lui n’ont pas grandi dans une famille de cycliste, à l’exception d’un oncle désormais décédé, qui avait été un très bon routier. C’est en 1986, soit près de 13 ans avant la naissance de Tom, que Vincent Thorey remporta Paris-Roubaix amateurs. Pourtant son ombre semble planer sur ses neveux : « Récemment, je me suis mis à la route avec mon frère, et nous pensons souvent à notre oncle. Le vélo nous rapproche, nous aurions sans doute eu beaucoup à partager avec lui. » 

L’arrivée au pôle olympique de Saint-Quentin, « il y a 8 ans déjà », marqua le passage difficile au niveau élite, et l’adaptation lui demanda plus que de temps qu’à Rayan Helal, qui avait plus d’ancienneté comme pistard. 
L’année 2024 fut particulièrement difficile. La désillusion fut telle, après sa non-sélection pour les Jeux, qu’il envisagea la possibilité de mettre un terme à sa carrière sportive, pour se consacrer entièrement à sa reconversion. Mais comme le sommeil, l’été porte conseil, surtout quand il est fait de longues balades à vélo. Il profite aussi du vide ouvert par la déception, pour valider sa deuxième année à l’EDHEC.

Surtout, Derache est une tête bien faite, toute de bon sens et de bonne humeur (un sprinter pas ombrageux pour deux sous : c’est possible !), qui n’évite ni ne dramatise les bonnes questions : « Il m’a fallu du temps, mais je suis revenu à ma conviction d’avoir fait le bon choix, dit-il par référence à son cursus. D’une part, le double projet m’a évité de partir en dépression : si je n’avais eu que le vélo… Par ailleurs, j’ai choisi d’étudier à un rythme qui me permettra d’obtenir mon diplôme à ma fin de carrière, non pas des années avant. Maintenant, je suis reparti pour une olympiade. » 

Qu’opposer à un homme qui prône la réussite par l’équilibre, et prétend toucher à l’excellence par la sérénité plutôt que par l’excès ? Car un tel homme n’est pas loin d’être sage.