Prévention santé – Facteurs de risque et pathologies

Cette partie du module santé est axé sur les pathologies et les facteurs de risques préexistants, à même d’être à l’origine de problèmes médicaux graves notamment cardiaques, d’accidents ou de blessures graves.

module santé risque pathologique

Il est justifié de prendre avis auprès d’un médecin pour évaluer une éventuelle contre-indication, ou avoir des recommandations d’adaptation de la pratique, s’il existe une pathologie chronique, des facteurs de risques cardiovasculaires ou des pathologies traumatiques sévères notamment du rachis.

La pathologie cardiaque et ses facteurs de risque

Le cyclisme est excellent pour la santé cardiaque. La pratique du vélo est d’ailleurs largement recommandée en réadaptation cardiaque.

Néanmoins, un accident cardiaque parfois grave voire létal, peut survenir au cours ou au décours de la pratique.

Ces accidents dans le sport de haut niveau sont rares, mais parfois très médiatisés, pouvant donner l’impression que la pratique compétitive peut fragiliser le cœur et entraîner des accidents, notamment des morts subites. La réalité : le sport intensif ne crée pas de maladie cardiaque, mais sa pratique peut révéler une pathologie ignorée.

Par ailleurs, le risque d’accident cardiaque existe chez tout cycliste ayant une pathologie cardiaque connue, ou ayant des facteurs de risques.

  • Dans de nombreuses situations, une pathologie cardiaque n’empêche pas la pratique intensive du cyclisme, y compris en compétition, mais peut dans certains cas la contre-indiquer – c’est au cardiologue de donner son accord ou de proposer les adaptations nécessaires.

Nous identifions ici deux grands cadres de maladies, qui peuvent majorer le risque d’accident cardiaque à l’effort intensif.

  • Les cardiopathies arythmogènes : ce sont des maladies cardiaques qui peuvent entraîner des troubles du rythme. Au lieu de battre de façon régulière et adaptée à l’effort, le cœur se met à battre très vite et de façon anarchique. Ces battements sont souvent perçus par les patients et portent le nom de palpitations. Le risque d’une pratique intensive inadaptée dans le contexte de ces maladies est double : elle majore la survenue d’arythmie cardiaque et de mort subite à l’effort, et lorsqu’elle est répétée elle aggrave dans certains cas la maladie cardiaque.
  • La maladie coronarienne : Il s’agit d’une fragilisation des vaisseaux coronaires par des plaques d’athérome, vaisseaux en charge de la vascularisation du muscle cardiaque. L’obstruction complète de ces vaisseaux peut se faire brutalement et entraîner un infarctus du myocarde avec un éventuel trouble du rythme cardiaque. La détection de cette maladie coronarienne est essentielle, mais il est nécessaire de comprendre qu’elle peut être non détectable, et que l’accident cardiaque est imprévisible. C’est là que le contrôle de la pratique respectant les règles d’or du club des cardiologues du sport est essentiel.

D’autres pathologies à risque

Certaines pathologies peuvent être à risque cardiologique indirect – en rapport par exemple avec les effets secondaires des médicaments.

Certaines pathologies – par exemple neurologique, rhumatologiques, traumatiques…peuvent entraîner un risque de chute accru, ou pourrait lors d’une chute entraîner des conséquences graves.

Une pathologie chronique doit toujours faire interroger sur la pratique et ses adaptations.

Commentaires des problématiques évoquées

Un membre de votre famille (parents, frère, sœur, enfants) est décédé subitement d’une cause cardiaque ou inexpliquée

L’existence d’un de cas de mort subite survenue avant 50 ans pour un homme ou avant 60 ans pour une femme, doit impérativement donner lieu à un bilan médical adapté – notamment pour la pratique sportive intensive.

Un membre de votre famille (parents, frère, sœur) a présenté une maladie cardiaque avant 35 ans

Certaines pathologies cardiaques sont « familiales » (père mère frère, sœur), et doivent faire suspecter la possibilité d’une transmission génétique, et doivent impérativement donner lieu à un bilan médical adapté – notamment pour la pratique sportive intensive.

Vous n’avez jamais réalisé d’électrocardiogramme (ECG)

  • Pour la pratique du sport en compétition, la société française de cardiologie recommande un ECG tous 3 ans jusqu’à 20 ans et tous les 5 ans de 20 à 35 ans.

L’électrocardiogramme de repos a pour objectif la recherche de pathologies cardiaques arythmogènes (citons, par exemple, la cardiomyopathie hypertrophique (CMH) ou la dysplasie arythmogène du ventricule droit (DAVD) ) qui pourraient être dans le futur à l’origine de troubles du rythme et de mort subite. De plus, certaines de ces pathologies peuvent s’aggraver dans le temps à cause des efforts répétés et intensifs. La répétition de l’ECG est recommandée, certaines pathologies se révélant avec le temps.  Les pathologies recherchées sont rares et la lecture de l’ECG doit être réalisée par un médecin expérimenté.

Vous avez repris une activité physique intensive sans réaliser un bilan médical pour évaluer votre risque cardiovasculaire après 35 ans (si vous êtes un homme) ou 45 ans (si vous êtes une femme).

La reprise d’activité physique après 35 ans (homme) et 40 ans (femme) : après une période de sédentarité, la phase de reprise est une phase particulièrement à risque, d’autant plus qu’il existe des facteurs de risques cardiovasculaires. Un bilan médical est nécessaire afin d’évaluer ces facteurs de risques, de proposer le cas échéant un bilan cardiovasculaire, et de proposer une adaptation de la pratique lors de la reprise sportive. A retenir, le maître mot est : PROGRESSIVITÉ !

  • Cette recommandation fait partie des 10 règles d’or édictées par le club des cardiologues du sport.

Vous avez plus de 50 ans et vous êtes fumeur

Le tabagisme est à lui seul un facteur de risque cardiovasculaire, et les risques inhérents au tabagisme augmentent avec l’âge. Plus les facteurs de risques se cumulent, plus le risque est important.

Vous avez une pathologie chronique 

L’existence de pathologies chroniques doit faire poser la question de l’adaptation de la pratique sportive.

  • Notamment les pathologies cardiovasculaires et les pathologies identifiées comme facteurs de risque cardiovasculaire (diabète, hypertension artérielle, cholestérol).
  • Mais toute pathologie peut présenter un risque soit par sa nature, soit par les effets secondaires de ses traitements.

L’évaluation du risque cardiovasculaire

Avant 35 ans, les cardiologues considèrent surtout le risque de cardiopathies arythmogènes. Après 35 ans c’est le risque de maladie coronarienne qui prévaut.

En cas de présence de facteurs de risque cardiovasculaire, il est nécessaire de consulter un médecin pour déterminer le degré de risque de la pratique du cyclisme.

Les Facteurs de risque cardiovasculaires sont bien connus, et doivent appeler à une vigilance particulière.

  • L’âge : Dès 40 ans, le risque se majore, et devient plus net, indépendamment des autres facteurs de risque à partir de 60 ans. C’est pour cela qu’il est recommandé de faire un bilan auprès d’un médecin si poursuite de l’activité intensive ou de la compétition après 60 ans, y compris en l’absence de symptômes, d’arrêt d’activité sportive ou de facteurs de risque.
  • Les antécédents cardiovasculaires familiaux avant 50 ans (Infarctus, accidents vasculaires cérébraux).
  • Le tabagisme, le cholestérol, l’hypertension artérielle.
  • Le diabète.
  • La sédentarité et l’inactivité physique.
  • Certaines pathologies chroniques ou leurs traitements participent à la majoration du risque cardiovasculaire : insuffisance rénale, cancers, maladies auto-immunes….

*Le temps de sédentarité est le temps passé en position assise ou allongée dans la journée, hors temps de sommeil. Un temps supérieur à 7 heures de sédentarité par jour détermine un comportement sédentaire.
** L’activité physique est définie comme tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques, qui entraîne une dépense énergétique supérieure à celle du repos. L’inactivité physique est définie par la réalisation de moins de 150 minutes d’activité physique modérée par semaine ou 75 minutes d’activité physique intense. Pour repère, une activité modérée essouffle légèrement -on peut parler mais pas chanter), une activité intense essouffle beaucoup, il devient difficile de parler).

Le tableau SCORE 2 ci-dessous permet d’identifier le risque d’évènement cardiovasculaire à 10 ans en fonction de plusieurs paramètres : âge, sexe, tabagisme, tension artérielle, cholestérol.

Au regard de ce tableau, on peut comprendre que :

  • Même sans facteur de risque identifié, le risque zéro n’existe pas.
  • Il est difficile de déterminer un seuil de risque autorisant ou contre-indiquant la pratique intensive. Il appartiendra au pratiquant, bien conseillé par son médecin, d’être conscient du risque et d’adapter l’intensité et l’environnement de pratique au degré du risque évalué.

Et au-delà du cœur…. Des pathologies à risque ?

Si la recherche des éléments pouvant être à l’origine d’un accident cardiaque est bien notre première préoccupation, il y a lieu d’être vigilant sur bien d’autres plans qui pourraient contre-indiquer la pratique ou demander des adaptations spécifiques. Toutes le pathologies chroniques et séquelles de pathologies traumatiques doivent faire poser la question à un médecin.

Nous citerons de façon non exhaustive :

  • Les pathologies neurologiques à risque de trouble de vigilance, ou de troubles d l’équilibre et de chutes. Les maladies épileptiques qui doivent être clairement évaluées et stabilisées pour une pratique en sécurité.
  • Les pathologies du rachis cervical, traumatique ou non, qui en cas de nouveau traumatisme même léger peut entraîner un risque neurologique (para ou tétraplégie).
  • La pathologie osseuse, par exemple ostéoporose ou métastases osseuses, engageant une fragilité particulière et un risque très élevé de fracture en cas de chute.
  • Les pathologies oculaires – sachant que le règlement FFC détermine une acuité minimale pour la pratique « valide » et non handisport (au meilleur œil : acuité visuelle d’au moins 3/10ème après correction et champ visuel de 20° minimum).
  • Les pathologies respiratoires qui en général bénéficient de l’activité physique mais peuvent demander une adaptation particulière notamment en période printanière ‘allergènes) et pendant les pics de pollution.

Vous avez arrêté cette dernière année votre activité cycliste pendant plus d’un mois pour raison de santé.

Tout arrêt prolongé lié à un problème médical doit faire prendre avis sur une éventuelle contre-indication à la reprise, mais surtout sur ses conditions – rythme de reprise et adaptations éventuelles. Le médecin du sport est probablement le référent le plus adapté.