Championnats de France

France Piste : Des championnats de haute-volée

championnats de france piste 2024

Ce sont des championnats de France de haute volée qui se sont tenus du 4 au 8 janvier 2024 sur la piste du vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Non seulement la crème de l’élite hexagonale était présente au grand complet, mais les meilleurs athlètes n’étaient pas loin de leur meilleur niveau, affûtés déjà pour les championnats d’Europe qui se déroulaient dans la foulée.

coureur cycliste en soufflerie

Générations

Seuls deux ténors du sprint manquaient à l’appel, en la personne de Mathilde Gros et celle de Sébastien Vigier, tous deux malades. Les virus sont de saison De fait, en l’absence de l’ex-championne du monde de vitesse, les trois titres du sprint féminin (vitesse individuelle, 500m et Keirin) furent préemptées par Marie-Divine Kouamé, sans rivale. Il faut saluer pourtant la performance prometteuse de la jeune Marie-Louisa Drouode, qui vint décrocher la médaille d’argent en vitesse individuelle. La Guadeloupéenne, pensionnaire du pôle ultramarin de Bourges, s’est même payé le luxe d’accrocher son aînée lors de la première manche de la finale, où il s’en est fallu de peu.

Au matin du premier jour, les qualifications de la poursuite par équipes avaient donné le ton de la compétition, révélant un certain degré d’hétérogénéité entre équipes (et en leur sein même), dont certaines étaient enrichies par la présence d’athlètes de calibre olympique, aux côtés de la jeune génération. L’Ile-de-France, par exemple, qui comptait Thomas Denis, Donavan Grondin et Quentin Lafargue, réservant une belle expérience au quatrième homme, le jeune Mathis Guerinel (espoir 1) : « Thomas et Donovan sont les gros moteurs. Quentin était là pour me chouchouter, je restai d’abord dans sa roue. II fallait que je tienne. J’ai fait un premier relais d’un tour, sans ralentir l’allure, puis le deuxième d’un demi-tour seulement. Ensuite, ils ont mis les gaz… »

En PPE c’est l’homogénéité qui compte, bien sûr. Et à ce jeu c’est la Normandie qui l’emporta en finale sur les Hauts de France, l’Occitanie montant sur la troisième marche du podium.

Chez les femmes, c’est la trentenaire Marie Patouillet qui, accompagnant les gros et très gros moteurs Clara Copponi, Valentine Fortin et Lara Lallemant, devait tenir le choc. « Je devais tenir 750m, ne pas les ralentir, et la mission est accomplie, je suis très heureuse », dit-elle après avoir revêtu le maillot tricolore.

Sprints serrés et kilomètres douloureux

Le deuxième jour, les sprinters masculins entraient en piste. Sur le tournoi de vitesse individuelle, Rayan Helal ne perdait pas une manche, y compris en finale. Là cependant, derrière le résultat brut, il y a la forme éblouissante et le cap passé par Tom Derache. Médaille d’argent, Derache a bel et bien perdu, mais au terme de deux manches très serrées, nécessitant le recours à la photo-finish. Pas retenu pour Apeldoorn, le Nordiste avait à cœur de montrer sa valeur, lui qui ne désespère pas (le découragement n’est pas le genre de la maison) de trouver sa place dans la vitesse par équipe olympique, nonobstant le fait que le seul poste éventuellement à pourvoir est celui du démarreur, qui lui convient le moins.

Le samedi et le dimanche confirmeraient sa forme, Tom Derache devenant champion de France du Keirin et du kilomètre (avec « une bonne marque » selon ses propres mots, de 1’00’’779) Au second rang sur cette épreuve difficile entre toutes – sans doute la plus douloureuse – on retrouverait un autre ancien du BMX Race le vétéran Quentin Caleyron (1’01’’264). Et sur la troisième marche, pour la deuxième fois en deux jours, puisqu’il avait décroché le bronze sur la vitesse, on retrouve Lucas Priore. Avec Marie-Louisa Drouore, l’étudiant de l’INSA Lyon figure la nouvelle génération du sprint français.

Endurants palpitants

Le vendredi fut aussi le jour le plus long pour les endurants, puisque se déroulaient les omniums – précédés de courses aux points qualificatives. On assistait à des courses acharnées et spectaculaires. Particulièrement relevée, la course masculine fut de toute beauté. De Benjamin Thomas à Thomas Boudat en passant par Donavan Grondin, Vincent Tabellion ou la nouvelle pépite de l’équipe de France qu’est Oscar Nilsson-Jullien, la lutte a fait rage. Si l’apparente facilité et la capacité d’accélération de ce dernier n’ont pas manqué de taper une nouvelle fois dans l’œil des observateurs, c’est bien Valentin Tabellion qui a maitrisé son su et remporté la timbale. Lequel Tabellion renouvellerait la performance le lendemain, conservant, avec Boudat son comparse, le titre de champion de France de l’américaine, au terme d’une épreuve qu’ils dominèrent mais qui fut absolument épique derrière eux.

Pour l’argent et le bronze, c’est une guerre totale, épuisante, que se livrèrent les paires Grondin-Lafargue et Besnier-Maitre.

Chez les filles, on attendait ça depuis longtemps, Clara Copponi a enfin vaincu le mauvais œil et remporté avec l’omnium un titre individuel que nul me mérite plus qu’elle. L’Américaine reviendrait à l’intouchable paire Berteau-Fortin (aka Vic et Valentine), coéquipières sur la route.

Quant aux poursuites individuelles, sans grande surprise elles couronnèrent Marion Borras, surpuissante, et l’impeccable Benjamin Thomas.

Outre le kilomètre déjà mentionné, le dimanche était consacré aux courses aux points. La sélection française pour Apeldoorn était partie, à l’exception d’Oscar Nilsson-Julien. Ce n’est pas faire injure à ses adversaires de dire que le Franco-Anglais survola les débats, et qu’on tient probablement en lui un tout grand des courses en peloton pour les années à venir. Chez les filles, Constance Marchand s’offrit et offrit au Sprinter Club Féminin son premier titre de prestige. « La Science » (c’est son surnom) fit basculer le classement en sa faveur à l’occasion d’un dernier sprint sans appel.