Étienne Oliviero, sprinter précoce

La sensation Étienne Oliviero est passée deux fois sur le vélodrome de Loudéac, en ce début d’année. Après avoir raflé 4 titres lors des France Avenir, il s’est à nouveau imposé en janvier chez les élites, devenant champion de France du KM à seulement 18 ans.
Ces jours-ci, le tout jeune Breton fait ses débuts dans la cour des grands, aux championnats d’Europe sur piste disputés à Holzen-Zolder. Présentation d’un sprinter d’avenir.

Il a cette présence singulière des colosses timides, qui semblent ne savoir que faire de leur encombrante carrure. Il parle bas, et peu au premier abord. Sous la tignasse ébouriffée, ses yeux brillent et se plissent comme s’ils souriaient les premiers, avant que s’élèvent les commissures.
Mais garde ! cette placidité ne vaut que tant qu’Étienne Oliviero se tient debout, ou sur une chaise. Placez-lui un vélo entre les jambes, et vous le verrez changer d’humeur aussitôt.
Demandez voir à Rayan Helal ou Tom Derache ce qu’ils en pensent, eux qui se virent récemment privés d’un titre par le gamin déchaîné. Seraient-ils, rien n’est moins sûr, curieux d’apprendre que cette attitude vaguement schizoïde remonte aux très jeunes années de l’intéressé ?
Car c’est l’été de ses 6 ou 7 ans que l’évidence s’est imposée – au moins à ses parents. Cette année-là, la famille Oliviero a laissé le Morbihan pour passer ses vacances dans les Vosges : c’est que trois enfants, trois garçons, ça exige une sacrée ration de grand air. Au fil du séjour, il devient bientôt clair que le benjamin passe l’essentiel de son temps d’éveil à sillonner le camping à vélo, alignant les kilomètres dans ce périmètre somme toute restreint. Le môme n’en a jamais assez, qui au retour de balades en famille au cours desquelles il n’a eu de cesse de devancer ses frères, tourne encore jusqu’au dîner, virant et relançant sans fin entre les bungalows et les chaises longues. « Je me racontais le Tour de France dans ma tête, je me prenais pour Thomas Voeckler » dit-il en souriant.
Arriva ce qui devait arriver. À la rentrée, hop : au club de vélo de l’OC Locminé ! Aujourd’hui, le champion de France élite (répétons-le, ça fait du bien) du KM y est toujours, quoiqu’en double appartenance avec l’US Créteil désormais.
C’est donc comme tant d’autres, par les gymkhanas de l’école de cyclisme qu’il a débuté, et les petites courses sur route ou de cyclo-cross. « Mais je me suis démarqué assez vite. Je remportais les cyclo-cross avec mon VTT », se souvient-il. C’est en pupilles qu’il découvre la piste, sur le vélodrome en ciment de Vannes, où il fait ses expériences préliminaires sur un vélo de route, avant de se lancer pour tout de bon, en pignon fixe, l’année suivante.
À dater de ce moment tout s’enchaîne plutôt vite. Cadet 1, il est champion de Bretagne, puis triple médaillé aux France à Bourges. Alexandre Prudhomme, chargé de la relève en équipe de France, le repère et, le convoque début 2022 pour un stage d’évaluation au vélodrome national. Pour sa 2ème année cadet et son deuxième championnat national, il rafle presque tout. Établit au passage le record de France cadet du 200m : « 10.753’’ avec un 50×15, ça moulinait ! »
C’est alors qu’il intègre le pôle ultramarin de Hyères (depuis lors déplacé à Bourges, où il fait chambre avec Matthias Sylvanise) sous la direction de Kevin Sireau.

Les choses sérieuses commencent. Viennent les années juniors, les meetings Next Generation à Apeldoorn, et les championnats d’Europe. En J2, après avoir disputé les France surclassé avec les Elites, il devient champion d’Europe juniors du KM, déjà.
Sa tolérance hors-norme à l’acide lactique et sa position naturellement aérodynamique – qui fait l’admiration des observateurs – sont des atouts majeurs dans cette discipline si singulière qu’est le « Kilo ». Avec sa force mentale, bien entendu. Car le KM est un effort hybride sur le plan des filières énergétiques, un effort qui laisse le temps de souffrir – et au terme duquel les athlètes peuvent à peine descendre de vélo tout seul.
Il n’a pas d’autre objectif déclaré cette semaine, à Holzen-Zolder, que de « prendre de l’expérience » – mais avec le talent, on ne sait jamais. À plus long terme, il connaît ses axes de travail – il manque encore un peu de jump pour les matches de vitesse – et son entrée probable au pôle national de Saint-Quentin-en-Yvelines en septembre prochain devrait l’aider à rêver plus loin : vers 2028, ou 2032 (😉). Il n’aura que 22 et 26 ans !
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