Cyclisme féminin

Journée des Droits des Femmes : la FFC sur la bonne voie, mais il reste du travail ! 

feminisation sport cyclisme-droits des femmes feminisme(1)

Pour la FFC comme pour toutes les fédérations sportives, la Journée Internationale des Droits des Femmes est l’occasion de faire le point. Où en sommes-nous en termes de parité et d’égalité hommes/femmes ?

Ce samedi 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. En effet, depuis 1977, à l’initiative de l’Organisation des Nations Unies, une journée est dédiée chaque année à la mobilisation en faveur de la parité, et de son fondement moral, l’égalité. Si le combat est quotidien, et même un combat de chaque instant contre les mauvaises habitudes et les biais les mieux ancrés, cette date est l’occasion de célébrer les progrès accomplis aussi bien que de mesurer le chemin qui reste à faire.  

En tant que microcosme, le cyclisme est pris dans les travers de son époque. Et, il faut l’avouer, les stéréotypes de genre y ont la vie dure, même si bien du chemin a été parcouru depuis les déclarations franchement misogynes – et tristement célèbres – d’un champion à une grande championne. 

Faire rêver les petites filles

Depuis plusieurs années, la FFC mène un travail de sensibilisation et d’ouverture. Le plan de féminisation lancé en 2019 s’adresse à toutes les femmes, visant le développement et la structuration du cyclisme au féminin, depuis les pratiques de mobilité douce ou de loisir jusqu’au plus haut niveau de compétition. 

Il s’agissait donc de rendre la pratique à la fois plus désirable aux jeunes filles et plus accessible aux femmes – après en avoir identifié les freins. Le réseau des « Ambassadrices FFC » fut créé en ce sens. L’accueil des femmes par les femmes, et l’organisation, en régions, de sorties entre femmes, étaient de nature à rassurer les néo-pratiquantes à franchir le pas.  


Quant à l’opération « Elles arrivent » (organisée par la FFC en partenariat avec ASO) qui permet à 48 jeunes licenciées de découvrir de l’intérieur le Tour de France Femmes, elle s’inscrit dans cet engouement croissant pour la compétition féminine. « De ce point de vue, dit Marie-Françoise Potereau, vice-présidente du CNOSF et longtemps en charge du plan de féminisation à la FFC, les choses ont évolué : désormais les petites filles se rêvent en championnes cyclistes. » 

Un sport mixte, désormais

Ce travail a payé. Les chiffres, qui ne sauraient mentir, le disent. Depuis 2019, la proportion de licences féminines à la FFC est passée de 10,7 à 12,6%. Dans la catégorie « sport » (épreuves de masse, et loisir), on compte 15,23% de femmes. Les licences « jeunesse », quant à elles, sont féminines à 11,73%, contre seulement 8,13% en « compétition ». 
L’époque est loin, où le cyclisme n’était qu’un « sport d’hommes », et où cadettes et juniores étaient marginalisées, souvent mélangées aux garçons faute d’effectifs consistants. L’écosystème des courses U13 à U19 est désormais parfaitement mixte, même si la parité est loin d’être atteinte, et que le travail d’accueil au niveau des clubs doit progresser

« Au milieu du gué »

Si la parité est désormais acquise au niveau du bureau exécutif de la FFC, c’est parce qu’elle a force de loi. « Sans la loi, c’est vrai, nous n’y serions pas parvenus, concède Madame Potereau. Il n’en reste pas moins que toutes les fédérations n’y sont pas arrivées, et qu’à la FFC nous avons fait l’effort. D’une part, les femmes sont souvent moins disponibles que les hommes. Et, en tant que dirigeantes, il faut aussi bien les former que les aider à retrouver cette légitimité que les hommes leur refusent encore trop souvent. » 

S’il faut reconnaître à la contrainte une indiscutable efficacité, on sait aussi qu’en matière de changement des mentalités elle ne suffit pas.

De ce point de vue, la parité imposée marque un commencement plutôt qu’un aboutissement. Aussi évidemment compétentes soient ces femmes, les arrivées au bureau exécutif de Myriam Prétot, Camille Maire ou Julie Bresset, aussi bien que la présidence du conseil fédéral confiée à Madame Baroche, constituent une petite révolution
Il faut pourtant que les bonnes habitudes se prennent à tous les niveaux, car à l’horizon 2028, la loi sur la parité s’appliquera aux comités régionaux et départementaux. Il faut donc d’ores et déjà recruter et former à tour de bras ! 

Cependant – et même à ne parler que des instances dirigeantes – Myriam Prétot, désormais en charge du plan de féminisation, sait que le chemin reste long. Ce que Marie-Françoise Potereau résume d’un mot : « Nous sommes au milieu du gué. » 

Ainsi, le taux de féminisation des métiers autour du vélo doit encore augmenter. Le cyclisme a besoin de femmes non seulement dirigeantes mais kiné, entraîneures, éducatrices ou mécaniciennes. Et ce à tous les niveaux y compris au plus haut. Sur la dernière olympiade, l’encadrement technique de l’Équipe de France est passé 10 à 17% de femmes. Les mentalités évoluent lentement, et former des encadrements prend du temps : la direction est bonne, mais le chemin est encore long !