Une journée de batailles
Quatre épreuves étaient au programme de cette seconde journée des championnats de France de cyclo-cross à Pontchâteau : les U19 garçon et les filles le matin, puis les élites femmes et hommes après-midi. Les athlètes ont régalé un public venu en nombre, et livré des batailles de toute beauté.
Au deuxième matin de ces championnats de France de Pontchâteau, la nuit claire avait laissé place à un jour laiteux et blanchi la campagne. Les athlètes étaient bien les seuls à n’être pas givrés sur pied. Les garçons U19 ouvraient le bal, et donnaient une représentation palpitante.
Les choses ont pourtant débutées de façon fort prévisible. Dès le premier tour on retrouvait à l’avant de la course tous les acteurs du haut de l’affiche : Sören Bruyère-Joumard bien sûr, déjà deux fois vainqueur en Coupe du Monde cette année, Théophile Vassal, Soan Ruesche et Florian Fery, qui l’emporterait finalement, signant enfin une grande victoire en récompense d’une parfaite régularité.
Florian Fery enfin récompensé
La course entre les favoris fut, de leur propre aveu à tous, aussi physique que tactique – il suffisait pour s’en convaincre de les voir s’observer à chaque passage sur la ligne d’arrivée avant de se livrer à nouveau bataille dans les ornières. Athlétiquement parlant, Sören Bruyère-Joumard semblait le plus fort, mais il commit quelques erreurs, dont la dernière lui fut fatale, à quelques minutes de l’arrivée.
Il faut dire que le circuit était sans doute plus piégeux que la veille, le froid de la nuit n’ayant pas été suffisant pour le durcir uniformément.
« Ça s’est passé dans la dernière courbe [en dévers, ndr.] avant les planches, précisait l’intéressé, j’ai perdu la roue avant dans l’ornière. »
Quant à Florian Fery, très concentré, il ne l’avait « pas vu tomber, sur le coup », c’est quelques secondes plus tard, après le dernier virage à gauche et après avoir débouché sur la ligne d’arrivée, qu’il a compris que c’était gagné – il se retournait alors, le visage fendu d’un grand sourire, et savourait la dernière ligne droite.
Derrière lui, Théophile Vassal revenu après avoir été pris dans une petite cassure provoquée par la chute de Soan Ruesche, prenait la seconde place. Puis Bruyère-Joumard sauvait le podium.
Un trio homogène et redoutable
Quant à la course U19 féminine, elle ne fut pas moins intense du strict point de vue physique (ce que le rude circuit de Pontchâteau ne permettait pas) mais elle donna à voir une hiérarchie très nette dès le premier tour de circuit, au terme duquel Lise Revol avait déjà pris la tête pour ne plus la quitter.
La coureuse du Grand-Est se montrait intraitable, jamais inquiétée par sa coéquipière Jeanne Duterne, elle-même légèrement supérieure pour cette fois à Lison Desprez.
Si Lise Revol s’attribue là son 8ème titre national depuis ses débuts (« Ça en fait quelques-uns, mais j’aime bien ! » s’amuserait-elle en conférence de presse), il convient cependant de souligner l’homogénéité de ce trio qui se présente sur le podium de ce championnat exactement dans le même ordre que lors de la Coupe du Monde de Besançon. La nouvelle championne des U19 en est parfaitement consciente : « Je n’arrivais pas en terrain conquis. Entre nous trois la lutte est souvent serrée. »
Les femmes livrent une bataille époustouflante
En début d’après-midi, alors que le soleil était réapparu sur la campagne nantaise, les élites et U23 femmes nous ont offert un spectacle à couper le souffle. Certes, les trois meilleures s’isolaient à nouveau très vite, mais elles débutaient aussitôt un bras de fer qui n’admettrait aucun temps ni aucune résolution avant les tout derniers mètres de la course.
Entre une Hélène Clauzel motivée par la perspective d’un troisième titre consécutif, une Amandine Fouquenet déterminée à reconquérir le circuit de Pontchâteau,
et une Célia Géry à qui très peu d’exploits semblent inaccessible, la bataille fut totale, et palpitante, chacune prenant la tête à son tour, les deux autres se regardant quelques secondes pour savoir qui prendrait l’initiative de la poursuite. « Quand j’ai vue qu’elles revenaient, résumerait Hélène Clauzel, je me suis dit que ça allait piquer. » Tant et si bien que les trois guerrières ne parvenaient pas à se départager avant la dernière ligne droite, et que le titre se jouait au sprint. À ce niveau de fatigue et de tension, l’incertitude était totale. La coureuse d’Arkéa-B&B Hôtels s’imposait devant Hélène Clauzel et une Célia Géry qui s’avouait « cuite », mais décrochait le maillot dans la catégorie U23. Laissons le mot de la fin à la médaillée d’argent : « On a fait du beau spectacle, je suis contente, on avait le même niveau, il en fallait une qui gagne. »
Clément Venturini avait beau dire, une fois son 7ème titre en poche « Il n’y a pas de patron du cyclo-cross français, je n’aime pas cette étiquette », c’était une question de vocabulaire – et de respect pour ses adversaires. En tête desquels, le plus régulier, sinon le plus vaillant, Joshua Dubau, monté sur la boîte pour la 6ème fois d’affilée (dont une victoire.)
Mais Venturini avait donné une nouvelle démonstration de puissance, sur un circuit qui s’y prêtait parfaitement. Fabien Doubey, en dépit d’un déficit flagrant de compétitions internationales, décrochait du même geste la 3ème place et sa sélection pour le mondial de Liévin.