Championnats du Monde

Tabor 2024 – La France parmi les toutes meilleures nations

Les 3 et 4 février 2024, à Tabor en République Tchèque, se disputaient les championnats du monde de cyclo-cross. Après un début tonitruant et deux médailles d’or, l’équipe de France a joué de malchance mais fait montre d’une extraordinaire densité chez les juniors et les espoirs.

tabor cyclo cross

Les Français ont débuté en fanfare, l’emportant sur le relais mixte grâce à un exploit d’Aubin Sparfel, dernier relayeur. Puis ce fut au tour de Celia Géry de l’emporter magistralement, parachevant son grand chelem France, Europe, Monde.

L’équipe de France pouvait raisonnablement espérer un titre et un podium de plus, mais la suite fut marquée par la malchance flagrante de Rémi Lelandais en espoirs et d’Aubin Sparfel chez les U19.

À la fois technique et excessivement physique, le circuit de Tabor offrait aussi un terrain assez changeant d’une course à l’autre. Au gel qui avait durci la terre les jours précédents a succédé un redoux qui a vu réapparaître une boue collante, exigeant plus de qualités de force et augmentant la part de la course à pied. 

Relais mixte : l’exploit 

En matière d’ouverture, le relais mixte fut l’occasion d’une course palpitante. Quant aux Français, c’est Rémi Lelandais qui s’élançait le premier, avant Martin Groslambert, capable d’aller très vite sur un tour : deux espoirs pour prendre l’avantage. Puis ce fut au tour Celia Géry, qui creusa l’écart, de Lauriane Duraffourg et d’Hélène Clauzel qui, lui passant le dernier relais, léguait à Aubin Sparfel sept secondes d’avance sur le concurrent suivant, l’Anglais Cameron Mason. Le junior français était donc opposé au vice-champion d’Europe élite dans la course au titre mondial, une lourde responsabilité dont il s’acquittait sans trembler dans le sprint final ! 

Le grand chelem de Célia Géry  

Maîtrise et sang-froid, Célia Géry n’en manque pas non plus. L’entraineur national François Trarieux dit d’elle qu’elle « préfère faire et ne rien dire que dire et ne rien faire. » Comme son homologue masculin, la championne d’Europe junior allie une cylindrée d’exception à une technique supérieure. Encore faut-il ne pas craquer dans les moments tendus. Or, dans la lutte serrée qui l’opposa à l’Anglaise Ferguson et à la Slovaque Chladonova, elle ne plaça qu’une attaque, à quelques minutes de l’arrivée, mais décisive. Après le titre européen, puis le titre national, la voilà donc indiscutable championne du monde des U19. 

La poisse pour Lelandais et Sparfel 

Il arrive que les astres d’abord bien disposés se désalignent. Sur la course des espoirs hommes, Léo Bisiaux décrocha une quatrième place très satisfaisante pour sa première année dans la catégorie. La déception provint – sans qu’elle lui fût aucunement attribuable – de Rémi Lelandais, qu’on attendait sur le podium, mais qui, pris dans une chute quelques secondes après le coup de pistolet et reparti presque dernier, avait aussitôt vu ses espoirs s’envoler. Le coureur de Haute-Savoie confirma sa grande forme, montrant qu’il avait un podium dans les jambes en remontant toute la course, pour finir 5e, sur les talons de son coéquipier. 

Mais la palme de la malchance (si l’on peut dire) revient à Aubin Sparfel. Au surlendemain de son exploit victorieux du relais, et à l’issue d’une saison où il avait tout remporté, le junior du Cycle Golbéen, en tête dans le dernier tour, semblait en passe de conquérir le titre suprême, quand une crevaison le priva de tout espoir. Le hasard frappe à l’aveugle. 

Confirmations 

Ces championnats du monde 2024 sont une confirmation à plusieurs égards. Confirmation de la densité et de la vitalité du cyclo-cross français dans les catégories juniors et espoirs. Si les juniors et les espoirs français ne ramènent pas de médaille pour les raisons évoquées ci-avant, les premiers se classent à 4 et les seconds à 3 dans le top 10 ! Une présence que peuvent nous envier bien des nations, et jusqu’aux meilleures. Confirmation aussi, d’un problème culturel : en France, quand ils signent leur contrat professionnel, les meilleurs coureurs ne sont pas encouragés à miser sur le cyclo-cross. Ainsi « faire carrière », en France, c’est tout sacrifier à la route. Il semble que, au moins du côté d’Arkea B&B Hôtels (qui vient de faire signer Clément Venturini et Rémi Lelandais) et Décathlon AG2R (Léo Bisiaux), les choses soient en train de bouger. 

Tant mieux : ne serait-il pas regrettable de ne pas donner sa chance à une telle génération ?