Jeux Olympiques

Une soirée difficile pour les pistards français 

jo paris 24 cyclisme piste

Sur le vélodrome national aux couleurs de Paris 2024, les deux premières soirées ont déjà porté leur lot de records du monde. Une euphorie qui pour le moment, n’est pas celle de l’Équipe de France. Récit de débuts difficiles, qui n’entament fondamentalement pas le moral des troupes.

On a retrouvé le vélodrome national, anneau poncé de frais et couleur beurre, centre-piste moquetté comme pour Purple Rain de Prince. L’ouverture des compétitions est précédée par un bref épisode son et lumière, qui voit de belles images colorées filer sur la piste.  

Il fait une chaleur étouffante, ce qui est propice à la performance et fait dire que « la piste est rapide. » Pour des questions de densité de l’air aussi bien que de sécheresse et de dureté du bois – il n’est pas anodin que les projecteurs braqués sur les virages ne fussent jamais éteints, pas même la nuit, depuis plusieurs jours. De fait, deux records du monde sont tombés ce mardi soir : celui de la VPE hommes, battu deux fois dans la soirée par les invincibles Néerlandais – désormais fixé à 40’’949 – et celui de la poursuite par équipes hommes, explosé par les Australiens de 1’’300 et porté à 3’40’’730. 

Mais pour notre Équipe de France, qu’il s’agît de la PPE hommes, de la PPE femmes, ou de la VPE, il faut bien dire que la soirée fut compliquée. 

L’équipe de la poursuite féminine fut la première à entrer en scène. Le quatuor composé de Marion Borras, Clara Copponi, Valentine Fortin et Marie Le Net réalisa 4’ 08’’ 797, soit un nouveau record de France mais le 7ème chrono seulement de ces qualifs. En dépit d’un énorme relais terminal de Marion Borras, pas de quoi satisfaire le coach Samuel Monnerais. « Clairement, ce n’est pas bon, commençait-il, On ne venait pas pour un record de France totalement anecdotique. On ciblait entre 4’06 et 4’07, et là on est presque à 4’09, donc on n’est pas dans les clous.

On ne va pas s’inventer un niveau de performance qui n’est pas le nôtre, et battre les Néo-Zélandaises ou les Américaines aujourd’hui ce n’est pas à notre portée, mais nos filles valent deux secondes plus vite que ce qu’elles ont montré ce soir. Il faut rester mobilisés parce que la petite finale et la médaille de bronze sont encore accessibles, à condition qu’elles se retrouvent parce que ce soir il manquait des watts sur les pédales de certaines d’entre elles. Je n’ai pas de recul, je n’explique pas cette contre-performance. Ce que je sais c’est que les filles ont souvent du mal à entrer dans les tournois et montrent une certaine capacité à redresser la barre – j’espère que c’est ce qui va arriver. C’est ce qui est arrivé l’an passé aux championnats du monde. » 

Puis ce fut l’heure de la vitesse par équipe masculine, sur laquelle plane toujours la domination bien incarnée (et confirmée) des Pays-Bas. Lundi soir, le trio français avait réalisé le 5ème temps des qualifications (établissant un nouveau record de France à 42’’267, certes à près d’une seconde du meilleur temps néerlandais (41’’279), mais pas si loin du troisième, réalisé par les Australiens : 42’’072) On avait noté déjà l’excellente prestation du démarreur Florian Grengbo (4ème temps avec 17’’172) comme celle du dernier tour de Rayan Helal, (3ème temps avec 12’’588).

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 Mardi, après un match nettement gagné (malgré deux faux-départ successifs) face au Japon, il apparut que la France serait opposée à l’Australie pour la médaille de bronze. Un souffle d’espoir s’est bloqué dans les poitrines tricolores car à l’issue du premier tour Grengbo avait l’ascendant sur son homologue australien, mais les prestations de Richardson et Glaetzer privaient finalement la France de médaille. « Je n’ai pas vraiment d’explication, avouerait un Grégory Baugé se refusant avec raison à toute analyse à chaud. Ils ont roulé vite mais sont tombés sur plus forts qu’eux. » 

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La troisième partie de la soirée était consacrée au premier tour de la PPE masculine. La veille au soir Thomas Boudat, Thomas Denis, Valentin Tabellion et Benjamin Thomas avaient réalisé un bon mais prudent 3’45’’514, s’appliquant à faire une poursuite techniquement « propre » selon le terme de leur coach Steven Henry. 
Puis mardi soir, le premier tour les opposait à une Équipe du Canada a priori à leur portée. La consigne avait changé. Fi de toute prudence désormais il s’agissait de prendre des risques, de partir vite, de ‘’sacrifier’’ Valentin Tabellion sur un énorme relais, bref : de tenter le tout pour le tout.

Arriva ce qui arriva : après que Tabellion se fut relevé, le corps du trio restant se désunit bientôt – les deux derniers tours ont vu les Français rouler à distance les uns des autres, à la limite de la rupture. Et le temps final fut identique à celui de la soirée précédente. Henry, lucide et cohérent, analysait dans la foulée : « On est parti très vite, plus encore que prévu : on partait pour tourner en 13’’4, ce qui aurait donné quelque chose comme un 3’43’’000, et on a tourné en 13’’2 sur les 6 ou 7 premiers tours. On a pris des risques, comme on avait dit qu’on le ferait, et ça a craqué. Donc c’est une déception parce qu’on est dans le contexte de la compétition, mais au fond on a tenté le tout pour le tout et l’on n’a rien à se reprocher. De ce point de vue on n’a pas forcément de regret. En plus, j’ai tendance à me projeter un peu sur la suite du programme et on a pu voir que Benjamin Thomas et Thomas Boudat sont en forme, ce qui est rassurant en vue de l’Omnium et de la Madison. » 

La route est longue, le soutien nécessaire et l’espoir encore grand. Allez les Bleus !