Jeux Olympiques

Koretzky en argent au terme d’une lutte palpitante

jo paris 24 vtt

Qu’on se le dise, Victor Koretzky était fort, très fort. Seul en tête pendant cinq tours, il a été rejoint par Tom Pidcock à moins de deux tours de l’arrivée, et les deux hommes se sont livrés un combat acharné qui a tenu le public en haleine jusqu’au bout. Une manœuvre audacieuse a fini par donner le dernier mot – et la médaille d’or – à l’Anglais, mais le VTT français a encore étincelé sur ces Jeux Olympiques 2024.

Les médailles pleuvent sur le VTT français, mais chacun sait qu’à ce niveau-là leur couleur est versatile, et qu’il s’en faut d’un rien (d’un rayon de lumière tombé au bon endroit entre les arbres ?) pour que l’or pâlisse en argent. C’est ce qui est arrivé à Victor Koretzky aujourd’hui, sur les escarpements d’Élancourt. Bien sûr, après la montée en tension qui précède les départs, après que les coureurs eurent quitté leurs gilets de glaçons, le peloton s’est élancé comme une respiration trop longtemps retenue. Bien sûr, la course est partie sur les chapeaux de roue, et le premier tour a fait déjà sont lot de dégâts mais nos 2 coureurs français se maintenaient en avant de la première cassure. Au fil des tours, Jordan Sarrou décrocherait progressivement, manifestement pas dans un bon jour. « Je ne comprends pas vraiment, dit le coureur du BMC RacingTeam, car la semaine dernière j’avais de très bonnes sensations à l’entrainement. Il faut que j’analyse tout ça. Néanmoins je me souviendrai longtemps de cette journée, des encouragements incroyables d’un public qui s’adresse à toi comme s’il te connaissait personnellement ! »

La course parfaite

De son côté Koretzky faisait la course parfaite. À la suite d’une crevaison de Pidcock, champion en titre, le Bitterois se retrouvait seul en tête, creusant un écart progressif avec le Sud-Africain Hatherly. Victor entamait un impeccable cavalier-seul et l’on se prenait à rêver à la répétition du scenario de la veille, une large victoire française. C’était compter sans le phénoménal talent de Pidcock, qui boucha au fil des tours les 45 secondes perdues sur la crevaison. Si bien qu’à un tour et demi de l’arrivée les cartes était redistribuées, et que Hatherly cédant aux accélérations répétées du Britannique, il devint évident que le titre se jouerait entre Victor et un Pidcock qui semblait inarrêtable.

Pourtant dans la dernière ascension c’est le Français qui passait à l’attaque et distançait son adversaire, levant un énorme grondement d’enthousiasme de la foule. Malheureusement, on l’a dit, ce qui définit une performance de ce niveau, c’est qu’elle se tient sur une crête fragile, et Victor commit une petite erreur d’appréciation, laissant partir sa roue avant sur un gravier qu’il soupçonna ensuite avoir été déplacé par la moto ouvreuse.

Obligé de déchausser, il laissait passer Pidcock. Mais il était écrit que la bataille entre ces deux-là n’aurait de cesse qu’une fois la ligne d’arrivée franchie, et le Français trouva le moyen de reprendre la tête. Hélas, deux ou trois cents mètres plus loin, le coureur d’Ineos tenta le tout pour le tout, mettant à profit ce qui était sans doute la dernière possibilité de choix entre deux trajectoires, dépassant à nouveau. Les deux adversaires s’accrochaient légèrement, et Victor Koretzky voyait là s’envoler la médaille d’or.

« Bien sûr, ce n’est pas pour la médaille d’argent que tu batailles toute la course », commentait après l’arrivée un Koretzky qui ne savait que penser « donc je suis un peu déçu. Mais j’ai eu l’impression de faire ce que j’avais à faire sans m’emballer. Dans le dernier tour j’avais réussi à lâcher Tom, mais j’ai perdu la roue avant, ce qui m’a coûté la médaille d’or – je pense que la moto ouvreuse a rejeté un peu de gravier sur la ligne de trajectoire. Ensuite le l’ai redoublé, et puis il a fait cette manœuvre un peu osée, et l’accrochage a endommagé ma chaussure, c’était fini. »