Championnats du Monde

Thomas Voeckler : « On ne court que pour gagner »

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Le sélectionneur de l’Équipe de France élite masculine a fait la preuve de son talent de stratège. Toujours aussi enthousiaste à l’idée de conduire la troupe tricolore à l’assaut d’un titre mondial, il expose la méthode et la morale qui guident ses choix.

Selon Thomas Voeckler, certains noms semblaient s’imposer de longue date et comme sur le papier, eu égard à la nature même du circuit. Pavel Sivakov est le premier cité, dont la progression avait éveillé sa vigilance dès l’hiver dernier, et dont le profil spécifique s’accorde particulièrement avec celui du circuit. « J’effectue ma sélection sur plusieurs types de critères, poursuit le sélectionneur national, et, bien sûr, il faut commencer par repérer ceux dont les qualités intrinsèques matchent avec les exigences du circuit. Ensuite, l’évolution de l’état de forme à l’approche de l’objectif resserre un peu la liste. Mais surtout, et voilà la partie la plus intéressante de mon travail, il faut écrire un script, imaginer les rôles qu’on entend faire tenir aux uns et aux autres. »

Cette dimension stratégique, la plus créative et la plus secrète, imprègne transversalement toutes les autres considérations. Ainsi du tracé de Kigali, dont la difficulté en termes de dénivelé et de profil sera certes exacerbée par les 1500m d’altitude et le fort taux d’humidité, peut « sembler s’adresser au même type de coureur que celui des Championnats d’Europe une semaine plus tard. Mais là encore, le circuit en soi ne devient significatif qu’à la lumière d’un plan d’action » dit encore le stratège en chef de l’Équipe de France, qui ajoute en aparté considérer les deux courses si rapprochées « presque comme un seul évènement. »

D’ailleurs, le dénivelé positif, certes important, n’est cependant pas éloquent et ne reflète pas le chantier qui attend les coureurs. Plus que le chiffre, Voeckler pointe la physionomie du circuit rwandais, qui ne laisse quasiment aucun moment de répit : « Je peux vous assurer que bien des coureurs seront bouillis (sic), et ce bien avant l’arrivée. »

Sivakov, Alaphilippe et Paul Seixas sont donc les trois piliers de l’Équipe de France. Il faut noter ce que le plus jeune inspire à son sélectionneur : « Face à une concurrence si relevée, je n’ai pas les moyens d’emmener un coureur pour qu’il ‘’prenne de l’expérience ’’ ou je-ne-sais-quoi. Paul aura un rôle précis, dans la course à la victoire. »

Car, on le sait, le plus important pour le sélectionneur des tricolores, cela reste l’état d’esprit : « Il faudrait être stupide pour ne pas craindre la domination de Pogacar, et pour ne pas en tenir compte. Ma seule ligne de conduite, à moi, c’est qu’on ne vient pas pour la deuxième place, mais pour essayer de gagner. Les accessits ne m’intéressent pas – je les accueillerai avec plaisir s’ils couronnent une tentative audacieuse de gagner. Même si nous n’avions que 1% de chance de gagner, c’est cette chance là que nous venons disputer, c’est sur cette possibilité aussi serait-elle, que j’aligne toute ma stratégie. »