Championnats de France

France Route Femmes Professionnelles : Le Net et sans bavures

Sur le circuit des Herbiers de plus en plus écrasé par la chaleur, les professionnelles en ont décousu. Le match opposait le collectif de la FDJ-Suez aux concurrentes plus isolées, qui se sont organisées comme elles ont pu sans réussir à déjouer le plan de la meilleure équipe féminine française. Une course bien menée de bout en bout a consacré une Marie Le Net aussi brillante qu’émotive.

Elle récupère vite. Son corps à tout le moins. La ligne passée, les muscles réclament moins de sang, le sang moins d’oxygène, la tempête organique s’apaise et reflue. Mais l’esprit, c’est une autre histoire.
Car, soudain chargé d’un titre de championne de France, le cœur de Marie Le Net a trouvé une autre raison de battre à tout rompre.
En passant la ligne, elle n’en revenait pas, Marie.

Tombant quelques mètres plus loin dans une forêt de bras ouverts, à commencer par ceux de Léa Curinier, sa coéquipière aujourd’hui sa dauphine, elle n’en revenait toujours pas.
Répondant aux premières questions des journalistes, toujours pas.
Sur le podium, enfilant ce maillot trop beau pour être vrai et pourtant bien tangible, elle restait stupéfaite.
Même en conférence presse, trois quart d’heure après l’arrivée, c’est encore toute secouée de hoquets et de larmes de joie qu’avec peine, plaquant régulièrement une main sur sa bouche pour réprimer son émotion, elle répondait aux questions, sous les yeux attendris et presque inquiets de Léa Curinier et Julie Bégo (qui une nouvelle fois fut admirable de détermination.)

Si ces deux dernières (pour ainsi dire) avaient déjà impressionné l’auteur de ces lignes par leur humilité et leur fair-play, la nouvelle championne de France s’excusait presque de « porter ce maillot que toute l’équipe devrait porter. » Elle y insista plusieurs fois, ne parvenant pas à y croire, comme si elle craignait de s’éveiller. C’est pourtant tout ce qu’on lui souhaite, à Marie : réveille-toi, Marie ! Peut-être est-il temps de prendre confiance en et conscience de tes possibilités.

S’il ne fait pas de doute que ta performance d’athlète moderne doit beaucoup aux compétences nombreuses dont t’entoure l’équipe FDJ-Suez, et s’il est vrai que ta victoire d’aujourd’hui est le fruit d’un beau travail d’équipe, c’est bien Toi qui pédalait, qui prenait la bonne décision et la bonne échappée, c’est bien Toi qui plaçais cette attaque décisive pile au bon endroit, avant la descente, ayant repéré comme tu le lui as dit dans un grand sourire que Julie « pardon, mais ne descendait pas très bien. »

Les victoires importantes marquent des tournants dans les carrières, transforment leurs auteurs, les rassérènent et les assurent. Ce maillot bleu-blanc-rouge est de nature à donner confiance à Marie Le Net.