Dorian Godon nouveau champion de France des professionnels aux Herbiers

La course professionnelle hommes, amputée d’un tour pour cause de grosse chaleur, a fait mieux que tenir ses promesses. Elle fut débridée, rude et indécise jusqu’à la fin. L’ascension finale a départagé les survivants de la fournaise, et couronné la puissance de Dorian Godon, dont l’ultime coup de rein a condamné Romain Grégoire et Kevin Vauquelin.

Comme chaque année, les coureurs professionnels sont entrés en scène au quatrième et dernier jour de championnat, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils n’ont pas déçu les attentes du public, dressant à leur tour les poils sur les avant-bras du public.
Mais commençons par répéter ce qu’on ne répétera jamais assez : si ces génies de la pédale peuvent livrer un tel public, c’est parce qu’il y a des gens pour leur dresser un théâtre. Les organisateurs, bien sûr, dont c’est le métier. Mais plus que tout, ces êtres mystérieux échappant aux travers individualistes de l’époque, êtres de bonne volonté qu’on nomme précisément bene volens, les « bénévoles. » Ici aux Herbiers, ils étaient plus de 600, qui ont transformé le Mont des Alouettes en véritable machinerie d’opéra, où les ténors du peloton n’avaient plus qu’à chanter leurs plus beaux airs.
On se demande bien, cependant, comment leurs poumons n’ont pas pris feu, tant l’air brûlait sous le dôme infernal qui couvre la France ces jours-ci. La encore, les petites mains derrière les stars jouent un rôle fondamental. On peut d’ailleurs remarquer qu’en dépit de la présence en tête de course d’individualités isolées, les trois qui ont finalement emporté maillot et médaille appartiennent à des structures françaises, dont le personnel était présent en nombre sur la course.
Car, évidemment, le seul moyen d’éviter la surchauffe et le serrage-moteur, était de boire abondamment (par telle chaleur, le moindre retard en la matière peut condamner un homme) et de renouveler souvent les poches de glace qu’on glisse sous son maillot, à la naissance de la nuque. Cela suppose une organisation millimétrée.
Bref. La course fut sublime, aussi rude qu’indécise. De ces courses dont le seul classement ne saurait rendre justice, si pleine de rebondissement qu’on peine à en distinguer clairement les phases successives. « Ça » a roulé à fond du début à la fin, et la tête de course se recomposait sans cesse. Certes fortement teintée de bleu, tant la Groupama-FDJ y était présente en nombre. Pourtant les forces étaient équilibrées – d’une part parce que Decathlon y comptait aussi 4 éléments et non des moindres (Lapeira, Prodhomme, Seixas et Godon), et que les « isolés » étaient de gros moteurs (Vauquelin, Laurance, Magnier, Barré, sans oublier Julien Bernard, maître à courir).

Un Lapeira admirable, désireux de conserver son titre, ayant obligé la concurrence à de gros efforts dans le dernier tour – y compris celui qui coûta peut-être un peu cher à Romain Grégoire au pied de l’ultime bosse – Seixas et Prodhomme s’appliquèrent à lancer Dorian Godon.

L’homme à la moustache « australienne » (un pari passé au Tour Down Under) compte parmi les meilleurs finisseurs du peloton international dans ces arrivées montantes Godon compte au rang de ces sportifs que le grand public connait mal, mais que ses pairs respectent au plus haut point. Après neuf années professionnelles, il décroche donc avec ce titre sa victoire la plus importante. Devant un Romain Grégoire déçu de n’avoir pas rétribué d’un maillot bleu-blanc-rouge le travail de ses coéquipiers, et un Kevin Vauquelin très en jambes qui regrettait de ne pas finir la course « plus entamé que ça. »
Pour l’année qui vient, le maillot de champion de France se porte avec la moustache. À l’heure où s’écrivent ces lignes, il est glissé dans une valise en partance pour l’Écosse, et fera sa première sortie publique officielle au Tour de Pologne, avant le Limousin, Plouay puis le Québec où il se verrait bien « la mettre au fond » à nouveau !