Championnats de France

Championnats de France de E-cycling 2024 : un tabac ! 

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Les deuxièmes championnats de France de E-cycling avaient lieu ces 17 et 18 février au Soler, près de Perpignan. Une organisation au top dans un lieu au poil en ont fait un franc succès. L’occasion de se pencher sur cette spécialité à part entière.

C’est en banlieue de Perpignan, sur le territoire de la commune du Soler que se sont déroulés les deuxièmes championnats de France de E-cycling. L’évènement était organisé par la FFC avec le concours de plusieurs partenaires : outre la mairie, Perpignan Méditerranée Métropole, Cap Sud Agence d’attractivité, et la cyclosportive 66 degrés Sud. Sans oublier, au principe même de la compétition, les home-trainers Wahoo et l’application Zwift. 

Et comment rêver meilleur cadre à la mise en valeur du E-cycling que la fameuse « cité digitale » installée sur le territoire de la commune, et plus précisément la salle de spectacle hyper-moderne de l’espace culturel François Calvet ? 

Qu’on imagine une salle divisée entre l’obscurité où sont plongées les gradins, et la lumière inondant un tapis rouge où évoluent les acteurs – pardon, les performeurs, car les courses disputées ce week-end n’avaient rien d’une pièce écrite à l’avance ! 

Un spectacle de qualité 

Les vingt home-trainers sont alignés en quinconce sous un écran de cinéma où s’animent les avatars des concurrents, dans un décor imaginé par Zwift. Les compétiteurs, regardant vers le public, se surveillent par l’intermédiaire des tablettes placées sous leur yeux. Ajoutez à cela musique, jeux d’éclairage, voire fumigènes, et vous concevrez que l’ambiance a vite chauffé. 

On ne peut plus se contenter de définir le home-trainer sous son aspect purement pratique. Il n’est plus ce strict outil de substitution qui permet de s’entrainer malgré le mauvais temps, ou de faire des intensités bien calibrées.

La révolution numérique permet d’y partager, de rouler à plusieurs et, conséquemment de se mesurer les uns aux autres – pour rire ou très officiellement.

On pourrait aussi imaginer que les compétitions ne concernent que les coureurs eux-mêmes, des coureurs dont l’immobilité appauvrirait le spectacle. Il n’en est rien. Car s’il y manque bel et bien quelques aspects essentiels du cyclisme en conditions extérieures (trajectoires, danger, vent de côté et tous aspects météorologiques, durée…), les courses sur home-trainer offrent aussi un point de vue privilégié sur des athlètes qu’on a toujours sous les yeux, et qui n’échappent jamais à notre regard. Ainsi peut-on observer leurs visages en temps réel, traversés par les émotions successives, de la concentration appliquée à la souffrance, en passant (parfois, brièvement) par l’amusement ou la surprise. De vrais masques de théâtre antique. Ainsi peut-on s’intéresser aux légers déhanchements, à la prise des mains sur le cintre et, bien sûr, au coup de pédale. Peut-être les cyclistes, débarrassés de toutes les contraintes de l’équilibre, nous donnent-ils à voir une version épurée du geste de pédalage ? 

Les Zwifteurs sont des spécialistes 

D’ores et déjà d’ailleurs, le E-cycling est une affaire de spécialistes : il faut connaître les circuits Zwift, maitriser et exploiter les petits temps de latence inhérents à l’algorithme, ressentir l’avantage reconstitué qu’il y a à rester dans les roues, etc. La sensitivité s’éduque, et là comme sur la route, il ne suffit pas de dilapider le plus de watts possibles. Il faut être malin et subtil pour économiser ses forces. On sait que Zwift prend en compte le gabarit de chaque concurrent, sa taille par rapport à l’aérodynamique (surface frontale) et son poids par rapport à la déclivité. 

Les concurrents hommes étaient divisés en trois catégories de niveau ; les femmes, moins nombreuses, n’en constituant qu’une seule. Le samedi était consacré aux demi-finales, lesquelles se disputaient au meilleur de deux épreuves : une course aux points et un scratch. Les moments des sprints faisaient grimacer les coureurs dressés sur leurs pédales et crier la salle. Parfois la lutte fut si serrée, de l’ordre du centième de seconde, qu’il fallut s’en remettre au jugement de Zwift. 

Le dimanche les finales se couraient en une seule manche, sous la forme d’une course par élimination, et couronnèrent donc les champions, qui porteront le maillot tricolore sur l’application, par l’intermédiaire de leur avatar. 

En catégorie C et B, le Trophée France fut remporté respectivement par Nicolas Sergeant et Émile Rouyer. Quant aux tires proprement dit, ils revinrent à Goeffrey Millour et Mélanie Guiseppin ! 

Mickael Vargas, zwifteur résilient

C’est une histoire de résilience comme on les aime parce que, nous renvoyant au dérisoire de nos petits problèmes. Au Soler, Mickael Vargas est passé très près de remporter la petite finale de la catégorie B. Il marche fort, pour le dire simplement, mais il revient de loin. 

Il dit qu’il n’a jamais été un grand sportif, se contentant « d’un peu de course à pied. »  

En tout cas, il n’avait jamais fait de vélo lorsque qu’en 2020 il apprend qu’il est atteint d’un cancer.

Toujours pas, d’ailleurs, lorsqu’un an plus tard il apprend que la chirurgie n’a pas suffi et qu’il faut affronter la chimio. Une chimio dont il sort détruit, épuisé.

C’est fin 2022 qu’il « décide de se reprendre. » Il achète d’abord un vélo d’appartement tout simple, sur lequel il « commence à passer du temps. » Pendant six à huit mois, il ne sait plus précisément. Puis, il entend parler de Zwift, et achète des pédales connectées pour en profiter ; pour s’amuser, ne plus rouler seul. Quelques mois passent encore avant qu’il n’achète un vélo pour de bon. « Pour profiter des vitesses, du dérailleur », dit-il dans un sourire. 

Ce qui le conduit à passer de plus en plus de temps quotidiennement sur Zwift. Aujourd’hui il en est rendu à 12 heures par semaine, pas moins, et « avec un peu de course à pied au milieu » encore ! Depuis ses débuts il a perdu 25kg. Est-il besoin de dire qu’il se sent de mieux en mieux ? 

En septembre de l’année dernière, vivant à Morbier, il s’aligne pour la première fois sur une cyclo : la Transju(rassienne) : il se classe 18e et 3e de sa catégorie. C’est alors qu’avec son fils il prend sa licence FFC dans les rangs de l’UC Morez. 

Il continue de passer 90% de ses heures de pédalage sur Zwift, mais il entend s’investir dans l’organisation de sorties club. Il a monté ses premiers cols pyrénéens cet été, à 38 ans. Le vélo a changé sa vie. 

Il ne s’entraine qu’au feeling, mais il commence à collecter les conseils et s’intéresser aux méthodes de rationalisation de l’entrainement. Il a encore d’énormes progrès sous la pédale. Il n’a pas fini de revenir de loin.