Championnats de France de BMX Race : l’après-Jeux
Vendredi, samedi et dimanche, se tenaient les championnats de France et le Challenge National BMX Race. Le club de Lempdes BMX Auvergne avait mis les petits plats dans les grands, pour accueillir le public en masse et les meilleurs riders français. Retour sur évènement.
Derrière son rideau de peuplier traversé par le soleil, le stade BMX de Lempdes rayonnait. Le long serpent ocre de la piste se réchauffait à mesure que le soleil descendait et qu’on se rapprochait des finales.
Du côté des paddocks, passé l’heure des essais, on s’échauffait consciencieusement : home-trainer, saut à la corde, élastiques pour échauffer les épaules, les coudes, les poignets, rotations de bassin et bonds de bête féroce. Et côté piste, massée dans les tribunes montées pour l’occasion ou sur le sommet des virages, c’est une foule de 2500 personnes qui, tour à tour silencieuse et déchaînée, vibrait au rythme des courses successives. Une communion rendue possible par une organisation bien rôdée, appuyée sur une centaine de bénévoles.
Le spectacle sportif promettait d’être chaud, eu égard à la section pro récemment refaite en vue de l’évènement, et pourvue d’une double bosse particulièrement longue et délicate. « On se sentait obligés de relever le niveau d’exigence, et de remodeler la section pro, nous disait Joël Martinez, le président de Lempdes BMX Auvergne. C’est un championnat de France et il fallait que le champion soit un beau champion. »
Ce qui fut évidemment le cas, nous n’eûmes que de magnifiques champion.ne.s – et la double bosse en question, aussi exigeante physiquement que techniquement, n’a pas manqué de poser problème aux pilotes des catégories concernées.
Mais à tous les niveaux, les courses furent particulièrement rapides et acharnées. Il faut dire ici qu’on comptait 1223 engagés sur le week-end (dont 620 sur les championnats proprement dits et 602 sur le challenge national), pour 249 clubs (clubs, DN et Équipes Avenir).
Chez les filles U19, c’est Anaïs Garnier, déjà deux fois titrée chez les cadettes, qui, pour sa première année junior, l’emporta de très peu sur Louise Pottier. L’une et l’autre versèrent de franches larmes, de joie et de déception, après la ligne d’arrivée. « C’était une finale compliquée pour moi, dit la nouvelle championne de France, je n’étais pas partie devant, j’ai dû puiser dans ma haine (sic) pour revenir. Je voulais vraiment la première place. »
Vint le tour des garçons, qui vit le triomphe d’Evan Oliveira. Déjà sacré champion d’Europe U19 à Vérone en mai dernier, l’Alsacien du BMX Besançon fait carton plein.
Puis ce fut aux finalistes U23 de se présenter sur la butte de départ. Honneur aux dames. Zoé Hapka, vainqueure en demi-finale, manqua complètement son départ, et c’est Laura Mougey qui creva l’écran. Un an après son double titre national et européen chez les juniors, et surtout après une rupture des ligaments croisés qui la mit de longs mois sur la touche, 15 jours seulement après sa reprise en compétition (!) la voilà championne de France U23.
Chez les garçons, on attendait le champion d’Europe Alexis Pieckzanowsky, ce fut Ilan Lefebvre, devant Tanguy Rivoire.
Le rider de l’US Joué-les-Tours ne cachait pas sa joie. « C’est un peu une surprise pour moi, même si c’était mon rêve et que je me suis beaucoup entraîné pour ça. Je suis en alternance et je travaille à plein temps et je l’entraîne seul le matin ou le soir. Je ne m’attendais pas à battre ces mecs-là ! »
Puis vint l’heure des élites. Chez les femmes, ce ne fut pas précisément une surprise que de voir Axelle Étienne l’emporter, après avoir emporté le time-trial la veille. Après une préparation olympique et des Jeux éprouvant, la sociétaire de Lempdes BMX Auvergne a manifestement retrouvé envie et fraîcheur. Sur la seconde marche du podium, Léa Brindjonc qui se sent « à [sa] place », ne dit pas autre chose : « Ne pas être sélectionnée, comme remplaçante, pour les Jeux était une petite déception, et je n’ai pas touché mon vélo pendant plus d’un mois, et je crois que cette pause m’a fait du bien. Puis j’ai repris tranquillement cet été, et voilà. »
Au départ de la finale élites hommes, il y avait quelques outsiders, et deux favoris : Arthur Pilard, le champion d’Europe, et Eddy Clerté manifestement en très grande forme. Mais ce dernier déclipserait sa pédale dans le troisième virage. Pilard l’emportait donc en bonne logique (lui aussi avait gagné le time-trial) devant Marszalek et un super Théo Thouin. À la descente du podium, le coureur de la N1 St Brieuc BMX se montrait satisfait de cette médaille de bronze. « J’ai fait une belle année, je suis 3e au général de la coupe d’Europe cette année, et j’ai fait plusieurs podiums en coupe de France. Aujourd’hui, je visais le podium. Cette année, Arthur est encore un cran au-dessus, mais bien sûr, l’objectif est de parvenir à l’accrocher. »
Quant au vainqueur, il se sait fort de la préparation olympique, et d’une condition qu’il n’a eu qu’à entretenir depuis.
D’ailleurs, des effluves olympiques flottaient encore sur le championnat national d’une discipline qui a marqué Paris 2024 au sceau de la grande Histoire. En effet, Joris Daudet et Sylvain André honoraient l’évènement de leur présence, mais ils avaient choisi de ne pas prendre part à la compétition. Ainsi purent-ils se montrer disponibles pour un public assoiffé d’autographes et de selfies.
