Championnats de France

Championnats de France 2024, un grand cru 

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Les championnats de France 2024, disputés entre Avranches et Saint-Martin de Landelles, ont couronné de nouveaux champions. Des contre-la-montre aux courses en ligne, des femmes aux hommes et des amateurs aux professionnels, le spectacle fut éblouissant.

La victoire de Paul Lapeira est venue clore la semaine en apothéose.

Cette année, les meilleurs routiers français en ont décousu entre deux monuments éternels. Du côté d’Avranches où étaient donnés les départs, la silhouette du Mont-Saint-Michel se découpait sur la baie, et du côté de l’arrivée celle de Daniel Mangeas se dressait sur le podium. L’abbaye et le speaker comptant au rang des fiertés du pays, quoi de plus naturel qu’ils fissent fond aux championnats nationaux ? 

Des circuits exigeants

Entre le vent, défavorable en première partie, et un final plus accidenté, le parcours du contre-la-montre était très exigeant, et n’a couronné que des vainqueurs indiscutables. Chez les pros, Bruno Armirail ne l’emportait néanmoins que de trois secondes sur Kevin Vauquelin, mais Audrey Cordon-Ragot repoussait Cédrine Kerbaol à 55’’, décrochant son septième titre national dans la spécialité. Le classement amateur distingua Mathias Ribeiro Da Cruz pour la deuxième fois consécutive, et Balladyne Tritsch chez les femmes. 

Suivait la course en lignes amateurs, décalée au vendredi. Sur le circuit en montagnes russes de Saint Martin de Landelles, les compétitions se disputeraient à l’usure. Le fait que le(s) peloton(s) puisse(nt) rester compact(s) plus de quelques tours doit être interprété comme un signe du niveau général et de l’homogénéité. Ainsi les courses se décidèrent-elles plutôt tardivement, sous l’effet d’une fatigue soudain révélée, qui finissait par déchirer le nombre. 

Vendredi matin, personne n’aurait contesté les qualités de Titouan Margueritat, mais peu auraient misé sur lui. Le coureur du team Atria-Montluçon s’imposa pourtant en solitaire, pétri de crampes au terme des 166 kilomètres, devant Baptiste Poulard et Joris Caussinaud. Il faut souligner le fait qu’à 27 ans, le protégé de Jean-Philippe Duracka, incarne un cyclisme amateur authentique et revendiqué – il se lève à 5h30 chaque matin, et s’entraine l’après-midi après le travail. 

Verhulst s’incline devant Labous

Samedi, la course femmes ne fût pas moins âprement disputée. Le fait cruel que Gladys Verhulst décroche sa 6ème médaille d’argent (en conférence de presse, elle la retournait pensivement entre ses doigts comme si elle répugnait à la garder autour du cou) alors que ses qualités de vitesse semblaient lui donner course gagnée devant Juliette Labous, révélait à nouveau, non moins qu’une discutable erreur tactique combien le circuit de Saint-Martin de Landelles est usant. Et combien la nouvelle championne de France Juliette Labous est forte, elle qui affirme « manquer d’explosivité mais la travailler » et qui racontait : « Il m’arrive tout de même de faire de bons sprints de temps en temps, je me suis dit que c’était le moment d’en sortir un. »

Une chose est sûre, le maillot tricolore sera porté par une authentique championne.

Pour la première fois un titre amateur féminin était décerné, et c’est Sarah Pope (Roche Vendée Cyclisme), 20ème au scratch, qui est allée le chercher. « C’est chouette que la FFC ait mis ça en place, ça porte un peu la lumière sur nous » disait-elle, visiblement heureuse. 

Le dimanche en apothéose

Après que les cyclosportifs se furent disputé le classement de la Tricolore dans la lumière rasante de fin de journée, le dimanche fut comme de coutume le jour de la course élite. Le public déjà nombreux les premiers jours s’était multiplié, et des dizaines de milliers de spectateurs couvraient les abords du circuit de la course professionnelle. Une foule en liesse animée par les fans clubs, hérissée de banderoles encadrait la chaussée couverte d’encouragements peints, bref : l’ambiance des grands jours. 

Comme on sait la course fut superbe de bout en bout, le peloton à la fois secoué par l’avant et amenuisé par l’arrière. Après une échappée matinale, des contres et d’innombrables escarmouches, ce fut Julien Bernard qui réussit à dessiner l’échappée décisive, après que les coureurs de Décathlon-AG2R La Mondiale aient mis un grand tour de vis, relayés par les deux coéquipiers d’une Julian Alaphilippe très motivé. « Je savais que je devais attendre, mais à quatre tours et de mi de l’arrivée je n’y tenais plus », dirait Julien Bernard, qui se retrouvait accompagné de Thomas Gachignard et de Paul Lapeira le futur vainqueur.

La suite, c’est encore un Julien Bernard tacticien qui l’explique : « Nous étions trois, la collaboration était parfaite, et quand on a eu entre 45’’ et 1mn, c’était bon. Il était clair qu’à l’arrière on nous reprendrait 15 à 20’’ dans chaque bosse, mais guère plus, et que ça se regarderait au sommet. »  

Sur le sprint d’arrivée Paul Lapeira fut irrésistible, et triompha devant son public déchaîné. Du grand cyclisme à Saint-Martin de Landelles.