Championnats de France

Championnat de France de l’Avenir : un futur en questions 

championnat avenir piste

Comme leur nom l’indique si clairement, les Championnats de France de l’Avenir sont une occasion particulière de parier sur le futur de la piste française. Quels sont les obstacles majeurs qui se dressent sur cette route, et comment les surmonter ?

Plus qu’une discipline, la piste est un univers où se déclinent de nombreuses spécialités, où tous les gabarits et toutes les qualités physiques trouvent à s’exprimer dans l’exigence commune d’une virtuosité d’équilibriste. Ainsi, se souvenir que les compétitions sur piste sont plus anciennes que sur route, c’est prendre la mesure de la part qu’elle représente au Patrimoine du Cyclisme

Or, faire vivre cet héritage sur le territoire hexagonal ne va pas sans difficultés.  

Consciente d’une particulière fragilité de la filière sprint, la DTN se propose un plan de bataille
Le projet « Brisbane 2032 » identifie une structure sprint par comité régional, en lien avec l’échelon national et son manager, François Lamiraud. Fait notable, dans ce cadre c’est Grégory Baugé, ex-coach de l’équipe de France olympique, qui s’est vu, à sa demande, chargé de la base. L’ancien champion du monde de vitesse se fait fort d’aller au contact des éducateurs dans les clubs demandeurs, de sorte à sensibiliser et éduquer aux spécificités du sprint.

Structures et organisations

Depuis deux ans, la nouvelle Coupe de France de l’Avenir pour les U17 et U19, rencontre un franc succès : on est à une moyenne de 120 compétiteurs par manche. « Nous aimerions que les organisateurs potentiels s’emparent de ce signe encourageant, explique le président de la Commission Nationale Piste, Pascal Darche. Nos licenciés sont demandeurs.» 

Un signe positif, mais relativement isolé cependant, dans un contexte global plutôt fragile. Outre le fait, dont il est difficile d’évaluer le sens, d’un nombre légèrement plus faible d’engagés que l’année précédente aux France Avenir, s’entrecroisent des difficultés de plusieurs ordres. 

En première approche, on peut mettre sur la même ligne la difficulté de convaincre les organisateurs, et le défaut d’équipements aux normes – lesquelles infrastructures sont très inégalement réparties entre les territoires – les comités Bourgogne-France Comté et Grand-Est (très peu représentés sur ces Avenir-Piste) sont relativement défavorisés de ce point de vue. Un vélodrome est une infrastructure coûteuse pour les collectivités, et il convient avant tout de réhabiliter l’existant.

Questions d’interprétation

Entre autres directions, les travaux de commission nationale piste (CNP) vont en ce sens. « Le dossier de la classification des vélodromes, et de leur mise en conformité avec les normes UCI est une priorité » poursuit Pascal Darche. Laissons de côté les structures-phares comme Saint-Quentin ou Roubaix, dont la conformité aux critères internationaux est claire. Quant aux autres, il s’agit de les classer selon des niveaux d’homologation régional ou national. Si on interprète tout au pied de la lettre, on ferme la moitié des vélodromes. Prenons la question du dégagement obligatoire autour de la piste – au niveau régional il devait être a minima de la moitié de la largeur de la piste. Cette norme a été portée à 4m cette année, mais les collectivités n’ont pas toujours les moyens de suivre – « nous devons donc interpréter les situations au cas par cas pour trouver les solutions. » 

 
Les questions d’homologation touchent aussi, on le sait, le matériel utilisé par les coureurs. Il existe des normes de fiabilité (c’est-à-dire de sécurité) UCI appliquées aux vélos mis sur le marché. Or, il est difficile d’exiger ces normes concernant le matériel utilisé par nos licenciés sur la piste : nombre de vélo de piste relèvent de production en petites séries, et de fabricants qui n’ont aucun intérêt économique à obtenir cette certification. « Nous avons besoin de légiférer sur ce point, car nous sommes responsables de la sécurité de nos pratiquants », assure le président de la CNP. 

Un (vélo) pour tous ?

Le matériel pose aussi un problème d’équité sportive, dans une discipline où il influe sensiblement sur la performance. D’une part, le prix élevé d’une machine efficace interdit purement et simplement l’accès de la discipline aux familles les plus modestes – et à d’éventuels talents. Mais parmi ceux-même qui peuvent concourir, ces différences d’accès au matériel compromettent la pertinence des chronos et perturbent les opérations de détection
Ainsi, l’idée circule de plus en plus parmi coachs et entraîneurs de compétitions « monotypes », inspirées de ce qui se pratique en voile, au cours desquels les concurrents utiliseraient tous strictement le même vélo. 
« Le sens de cette idée est indiscutable, dit M. Darche pour conclure. Mais le chemin est long. Il faudrait soumettre l’idée à nos partenaires équipementiers. Leur proposer de sortir un produit à prix contrôlé, et qui réponde à un cahier des charges défini, et dont nous rendrions l’usage obligatoire sur certaines compétitions. Notre devoir est, au moins d’y réfléchir ! » 
Ces compétitions-là seraient alors valorisées par un « surcroît d’équité. »