BMX Racing : Or, argent, bronze : un alliage français !
Ils l’avaient dit, ils l’on fait : ils ont tout raflé. Les trois premières places du BMX Race sont revenues aux trois Français engagés dans la compétition. Joris Daudet est le nouveau champion olympique, suivi de Sylvain André et de Romain Mahieu. Un rêve bien réel, un trio « monstrueux » et un évènement historique !
« Que voulez-vous que je vous dise ? » Les bras ballants et les yeux mouillés, Julien Sastre, le coach de l’équipe de France de BMX Race, se tient devant une forêt de micros et de téléphones comme s’il venait de prendre un coup. « Que voulez-vous que je vous dise, reprend-il. Ils l’ont fait. Certes, on avait annoncé la couleur, on l’avait dit. Mais maintenant ils l’ont fait et, pardonnez-moi de le dire comme ça, c’est historique. Il y a eu le ski-cross à Sotchi en 2014, mais pour trouver un triplé français aux Jeux Olympiques d’été, il faut remonter à 1924, cent ans en arrière ! »
Le choc de la joie est rude. De fait, un quart d’heure plus tôt, tout s’est déroulé comme en rêve. Comme avant chaque départ, le silence d’abord se fait sur la piste aux couleurs de Paris 2024. La nuit est tombée, ou presque, et c’est sous la lumière des projecteurs que cette finale olympique va se courir. Au sommet de la rampe les 8 pilotes sont immobiles, dressés sur les pédales et les yeux fixes, arrondis. On retient son souffle et la grille s’abat, libérant avec le grondement de la foule des années de travail et de sacrifice. Le public est déchaîné mais le bruit le plus furieux parfois a valeur de silence, la boucle est bouclée. Sous nos yeux 8 fantômes véloces montent et descendent au-dessus de la piste. Après cinq (?) secondes de course, à l’entrée du premier virage, on comprend, on devine, on pressent, ce qui est en train de se passer : les 3 Français sont en tête. Joris Daudet mène, suivi de Sylvain André, et de Romain Mahieu. Vingt-cinq secondes d’apnée plus tard, on voit le premier franchir la ligne en se retournant déjà, sauter à bas de son vélo et tomber dans les bras de ses 2coéquipiers. Tout n’est que liesse et stupéfaction : comme pour y croire vraiment, les 3 compères s’étreignant échangent de fortes claques dans le dos, se frictionnent mutuellement la tête, bondissent et lèvent les bras. L’un deux lance son casque vers les tribunes, l’autre son vélo à la verticale.
Interrogé sur les images qui lui traversaient l’esprit pendant sa course, le nouveau champion olympique Joris Daudet racontait : « Je ne pensais pas à grand-chose. Puis je me suis retourné, j’ai vu Sylvain crier, puis j’ai vu Romain, et j’ai réalisé qu’on l’avait fait. »
Ils l’ont fait, en effet.
Ils était venus pour tout rafler (quelques jours plus tôt en conférence de presse, ce mot de Julien Sastre : « notre mission presque impossible est de tout prendre »), et ils trustent le podium, s’adjugent les 3 médailles olympiques d’un seul geste, après avoir littéralement survolé quarts et demi-finales, sans jamais laisser une manche à l’adversité. Daudet (le plus grand pilote de l’histoire de son sport) en or, André en argent et Mahieu en bronze : quel alliage ! Ils ont amplifié l’exploit de Glasgow, et exorcisé le traumatisme de Tokyo. « Il fallait bien ça pour qu’on parle de nous alors que Léon Marchand et Teddy Riner défraient la chronique des Jeux ! » plaisantera encore un Julien Sastre cherchant à reprendre ses esprits.
Une victoire d’équipe et trois pilotes sincèrement heureux, même si chacun d’eux avait la ferme intention de tirer l’or à lui, comme l’explique Sylvain André qui ne manque jamais un bon mot : « Quand on était dans la tente avant la finale, une tente de 5×3, les trois assis à côté, à choisir nos lignes, il y avait plus d’éclairs que lors de l’orage d’hier soir ! Chacun d’entre nous voulait gagner, et de la fin des demies jusqu’à la finale, on n’a pas échangé un mot. Mais c’est précisément ce qui est beau, parce qu’après 5 secondes de course, qu’on voit qu’on est les trois en tête et qu’on comprend ce qui se passe et que les autres vont rentrer à la maison une main devant, une main derrière (sic), on ne pense qu’à assurer. »
Le sport est ainsi fait que des années de travail et de sacrifices trouvent parfois leur sens en 30 secondes. Et c’est ce qui vient d’arriver non seulement aux trois héros aux cous desquels se pendent les médailles olympiques, certes tout simplement les trois meilleurs pilots de race du monde, mais à tous leurs coéquipiers (en tête desquels Arthur Pilard, qui a tenu avec un dévouement exemplaire depuis plusieurs semaines le rôle actif et si ingrat du remplaçant) et tout le staff. Par extension, à tout le BMX français.