Lise Revol championne du monde junior de cyclo-cross !
À Liévin ce samedi matin, Lise Revol est devenue championne du monde junior, au terme d’un suspense qui a duré jusqu’à la dernière minute. Une victoire obtenue grâce à une grande maîtrise technique et un mental d’acier. Au palmarès, Lise Revol succède à une autre française, Célia Géry.
Il faut faire un effort, un effort d’imagination. S’imaginer soi-même, prisonnier de son propre crâne, dans l’assourdissement de sa propre respiration mêlée aux cris du public, le corps tendu depuis 45 minutes, à la fois docile et douloureux, et le cœur au bord des lèvres. Et puis, tout à coup, la ligne est franchie, et c’est dans un grand chahut d’embrassades, dans le rire et les larmes, qu’on retombe à l’immobilité. On s’allonge quelques secondes pour regarder le ciel en face, puis on se redresse progressivement, le visage moucheté de boue et barré d’un immense sourire.
Voilà à peu près ce qui est arrivé à Lise Revol ce matin, devenue championne du monde pour sa première année junior, au terme d’un suspense insoutenable (sa mère et sa sœur croisées sur le circuit ne nous démentiront pas.)
Quatre de nos Françaises (Lise Revol, Lison Desprez, Jeanne Duterne et Zélie Lambert) partaient première ligne, et elles firent un excellent départ groupé, ce qui permit à Lise Revol de prendre les choses en main, et de boucler le premier tour en tête, et de porter bientôt son avantage à 25’’.
Ce départ canon faisait partie de la stratégie du sélectionneur national, qui l’explique par la volonté de mettre en difficulté Barbora Bukovskà : « On connait sa tendance à faire des départs un peu laborieux, aussi bien que sa capacité à finir fort », expliquait donc François Trarieux. Bien vu, car de fait la Tchèque s’avérerait l’autre actrice principale de ce drame en 5 actes/tours, revenant et dépassant Lise Revol, et inquiétant le clan français.
On comprit tôt que le titre se jouerait entre ces deux-là.
C’est au passage sur la ligne au terme du 4ème tour que survint un étrange épisode. Barbora Bukovskà, qui avait alors quelques longueurs d’avance, leva les bras, croyant avoir gagné ! (Les connaisseurs se souvinrent alors qu’un de ses compatriotes avait commis la même erreur : en 2016, après avoir levé les bras un tour trop tôt, Adam Toupalik avait manqué le titre espoirs au profit d’Eli Iserbyt.)
Il ne fallut qu’une seconde à la coureuse Tchèque pour comprendre son erreur, et reprendre le fil de son effort. Nul ne peut affirmer que ce manque de lucidité témoignât d’un état de fatigue avancé, mais il est permis de se poser la question. Car derrière elle, Lise Revol ne se déconcentrait pas (« Je savais juste qu’il y avait quelqu’un devant qu’il fallait que je rattrape.(sic) »), bien consciente qu’il y avait 5 tours à couvrir, bien consciente aussi de sa supériorité technique sur certains obstacles du circuit.
« J’ai crié à Lise qu’elle devait absolument dépasser avant la dernière descente, car contrairement à elle, Bukovskà passait à pied ! » explique encore François Trarieux. Et la championne de France de s’exécuter, passant son adversaire à moins de 5 minutes de l’arrivée à la faveur d’un virage abordé plus vite, puis gagnant encore 2 ou 3’’ dans la fameuse descente. Dès lors, on vit Barborà Bukovska baisser la tête, et se résigner à l’entrée de l’ultime ligne droite.
Lise Revol pouvait savourer sa victoire, se laisser embrasser, s’allonger quelques secondes à même le sol, groggy, puis se relever, exposer son sourire à la face du monde.
Pour l’entraîneur national, Lise Revol s’est imposé sur ses qualités techniques, et sur son mental : « Elle a fait preuve de grosses qualités mentales, Rattrapée, elle aurait pu s’effondrer. Et au contraire, elle n’a fait aucune faute technique. Je suis fier d’elle. »
À n’en pas douter, ce titre est témoigne de la santé du cyclo-cross français. François Trarieux a tenu à rendre hommage à « la famille du cyclo-cross. J’ai une pensée pour les petits clubs qui organisent des courses régulièrement, pour les bénévoles, sans oublier le team AS Bike qui permet à Lise et à d’autres de progresser : le maillot appartient en partie ! »