Championnats du Monde

Pourquoi il faut (absolument) aller à Liévin 

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Dans deux mois, du 31 janvier au 2 février 2025, se dérouleront en France, à Liévin, les Championnats du Monde de cyclo-cross, cette spécialité si exigeante pour les athlètes, à qui elle demande une grande polyvalence, et qui a vu émerger quelques-unes des plus grandes stars du cyclisme. Au-delà du geste sportif, le cyclo-cross, c’est aussi une ambiance et une culture qui font de Liévin un évènement à ne manquer sous aucun prétexte !

Un paysage transfiguré

Imaginez un champ, une colline ou un bois que vous croyiez connaître. Vous l’avez fréquenté en toutes saisons et par pour les temps : estompé par la brume, détrempé par l’averse, ragréé par la neige, regorgeant d’oiseaux et de fleurs, écrasé de chaleur, repeint par l’automne… Mais voici qu’au détour d’un chemin vous le trouvez transfiguré, méconnaissable. Toute surface a disparu sous un indescriptible fourmillement humain que ne découpe qu’un étrange couloir tortueux, tortillant, bordé de rubalise orange et de panneaux publicitaires. De cette houle de têtes humaines charriant pompons, drapeaux et banderoles, monte une clameur si puissante qu’on croirait presque la voir. Et dans le couloir vacant qui découpe la foule, dévalent des corps boueux et colorés que vous reconnaissez bientôt être des coureurs cyclistes. 

Bienvenue en terre de cyclo-cross

En effet, c’est ça, le cyclo-cross : une fête populaire qui transfigure le paysage, et qu’aurait pu peindre Brueghel – car s’il semble que les origines en sont en partie parisiennes, c’est bien en pays flamand et néerlandais que la discipline est la plus vivante. 
Le championnat du monde à Liévin sera donc quelque chose comme une fête de village à l’échelle internationale.

Une ambiance et une culture

Une fête populaire qui a ceci de particulier cependant, qu’elle se déroule en plein hiver mais à ciel ouvert. Pour les coureurs qui suent sang et eau dans la boue et le sable, la question ne se pose pas, mais l’immobilité imposée aux spectateurs implique des stratégies de lutte contre le froid : s’accoutrer chaudement bien sûr, mais aussi faire corps, faire foule, pour commencer. Et puis, le monde est bien fait : applaudir réchauffe les mains ; encourager à pleine voix ouvre les bronches et la gorge ; l’émotion de la course et l’agitation qu’elle provoque font circuler le sang.

À la buvette, pourquoi ne pas le dire, le café, la bière (la Pils) ou les saucisses ragaillardissent chacun à leur façon, et la convivialité se renforce. Aux Pays-Bas et en Belgique, où la discipline est une institution, où l’on va au cyclo-cross presque comme à l’église, c’est toujours dans la joie et la sportivité que le public s’échauffe. 
À Liévin, des fans zone spécifiques seront dédiées aux principales nations, il y aura le « virage belge », le « virage hollandais » ou le « virage français » : de quoi rivaliser de chants et de couleurs, de bruit et d’enthousiasme, d’inventivité en somme, mais sûrement pas rompre la communion globale des amoureux de sport. À Liévin, ça va barder dans la joie.

La proximité avec les athlètes

On le sait, le cyclisme est le seul sport qui permette de s’approcher des athlètes au point de pouvoir (il ne faut pas !) les toucher. Avec le cyclo-cross, cette proximité est encore plus évidente, presque vertigineuse. D’une part, les circuits sont courts et ramassés. La plupart du temps, on peut voir passer les coureurs deux ou trois fois par tour. Et puis, les passages techniques – une côte dans le sable, une épingle en dévers – les ralentissent. De fait, on peut les observer c’est-à-dire non seulement les voir en détail, mais les entendre et ressentir leur présence. Bruits de succion de pneus sur la terre, claquements de chaine.

Mais surtout, leurs peaux brûlantes rougies par l’hiver, la goutte au nez, leurs respirations empanachées, matérialisées par le froid. C’est le côté païen du cyclo-cross : des dieux de chair et d’os, descendus parmi les mortels, presque semblables à nous, les ordinaires. 

Les stars

Parmi ces suspendus entre ciel et terre, d’aucuns s’élèvent au-dessus du lot. Si la liste de départ n’est pas encore définitivement établie, la présence des stars est attendue
Au firmament de ce panthéon des labours se tient Mathieu Van der Poel. Difficile d’imaginer coureur plus élégant et plus racé que le petit fils de Raymond Poulidor, dont la jambe fluide, les épaules solides et le regard martial, quant à eux, trouveraient leur place dans un tableau de Géricault. Le seul inconvénient possible avec le Néerlandais, qui ne brille pas moins sur la route qu’en cyclo-cross, c’est que dans un grand jour il est capable de priver la course de tout suspense.

Son rival éternel, le Belge Wout van Aert, est de la même trempe, dont l’élégance absolue le dispute à la cylindrée monstrueuse. Mais derrière ces deux-là s’embusque une flopée de spécialistes, en tête desquels on peut citer Eli Iserbyt, Thibau Nys, Michael Vanthourenout, Toon Aerts, pour ne citer qu’eux. 
Chez les femmes, les Néerlandaises tiennent le haut de l’ornière, à commencer par Fem van Empel, championne du monde en titre, qui vient de survoler la première manche de la Coupe du Monde, Puck Pieterse, ou Ceylin Alvarado, toutes plus talentueuses les unes que les autres, sans oublier l’expérimentée Lucinda Brand.

Les chances françaises

Il assez peu probable de voir un ou une Française triompher chez les élites, et n’est pas faire injure à Clément Venturini, David Menut ou Hélène Clauzel que de l’avouer. De fait, la France ne compte pas moins de talents que la Belgique, les Pays-Bas ou n’importe quelle autre nation, elle présente même sans doute un des effectifs les plus denses toutes catégories confondues. Mais, pour des questions culturelles, parce que les grosses équipes professionnelles françaises n’ont pas encore investi dans le cyclo-cross, et orientent leurs meilleurs talents vers la route, les cross-(wo)men hexagonaux brillent le plus souvent en junior et jusqu’en espoir

Ainsi les chances françaises à Liévin sont- elles nombreuses dans ces catégories « relève». 
À n’en pas douter, Aubin Sparfel est une authentique pépite, et peut briller même s’il court cet hiver sa première saison en Espoirs. Dans la catégorie, l’Équipe de France peut aussi compter sur le gros moteur de Léo Bisiaux. Et chez les filles, on attend beaucoup de la géniale Célia Géry, dont le talent et la détermination hors-normes ne sont pas sans évoquer à François Trarieux, l’entraineur national, une certaine… Pauline Ferrand Prévot. 
Le talent éclatant de Lise Revol ne fait non plus de doute pour personne et, comme de Jeanne Duterne, on peut d’ores et déjà tout en espérer, pour leur première année dans la catégorie U19. Idem pour le jurassien Théophile Vassal, prétendant légitime à l’arc-en-cielisation. 

Alors que débute seulement la Coupe du Monde, et à 2 mois de l’échéance, les chances de médailles françaises semblent solides